L'un des principaux thèmes des pourparlers entre le président russe et le premier ministre de l’Inde Narendra Modi le 11-12 décembre était la coopération dans l'exploration spatiale.
En septembre, l'Inde a réalisé une première mission sur Mars. En même temps ce pays était le premier à placer sur l'orbite de Mars un véhicule spatial dès la première tentative. C’est un bon début pour la coopération avec la Russie, qui possède, elle aussi, un programme d’exploration de Mars, estiment les experts russes. Mais en attendant, les deux pays sont plutôt des concurrents que des partenaires dans l’organisation d’une expédition pilotée sur la Planète Rouge, suppose l’académicien de l’Académie russe d’astronautique Tsiolkovski Alexander Jelezniakov.
« Difficile de dire qui sera premier, car tout le monde veut réaliser cette mission. Il est probable que l’Inde a également des projets ambitieux de conquète de Mars et souhaite y faire débarquer son astronaute », explique l’expert. « En tous les cas l’Inde a déjà des acquis dans ce domaine ».
Il y a des domaines dans lesquels la coopération spatiale entre la Russie et l'Inde est plus réaliste, considère Igor Marinine, le rédacteur en chef du magazine Novosti Kosmonavtiki (les Nouvelles de l’astronautique).
« C’est le système global de navigation », dit-il. « L’Inde – est un grand pays. Le relief montagneux de ce pays ne permet pas de créer des stations de téléphonie mobile. C’est pourquoi la navigation par satellite est très importante pour ce pays. Il est probable que la Russie puisse également proposer d’inclure un astronaute indien dans le nouvel équipage de la station internationale sur le compte du quota russe ».
L’astronautique habitée est un domaine de coopération très prometteur, selon Alexandre Jelezniakov. Il a notamment attiré l’attention sur le fait que l’Inde a prévu au mois de décembre un test d’envoi dans l’espace d’un véhicule à usage multiple et des tests d’un écran doté d’une protection thermique pour évaluer la pression thermique et thermodynamique sur un véhicule spatial lors de son entrée dans l’atmosphère.
« La Russie pourrait être utile à l’aérospatiale indienne », explique Jelezniakov. « Je ne sais pas à quel point les Indiens sont prêts à collaborer avec nous dans le domaine de l’astronautique habitée. Mais s’ils profitent de l’aide que nous leur fournissons, ce sera intéressant pour nous et utile pour eux ».
Les experts ont également attiré l’attention sur les projets de l’Inde pour sortir sur le marché des lancements commerciaux des satellites lourds à l’aide de la fusée-porteuse GSLV. Alexandre Jelezniakov estime les chances de ce lancement avec un optimisme prudent.
« Du point de vue du potentiel, l’Inde est toujours en retard par rapport à la Russie, l’Agence spatiale européenne (ESA) ou la Chine », estime-t-il. « Néanmoins, ce pays dispose d’une possibilité de mettre des satellites en orbite géostationnaire. Elle cherche à conquérir le marché, ou du moins, y pénétrer. Mais en matière de sortie des véhicules spatiaux en orbite géostationnaire, les chances de l’Inde ne sont pas très élevées. Le marché est déjà divisé, et l’apparition d’un nouvel acteur nécessitera qu’il fasse ses preuves en termes de fiabilité technique. Cela ne se fera pas rapidement ».
En même temps, le pays réalise des lancements à l’aide de la fusée-porteuse PSLV, destinée au lancement des satellites en orbite polaire. Les fusées-porteuses ont déjà mis en orbite 40 satellites étrangers.T