La sécurité de l'Europe ménacée depuis les arrières du front

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Le voisinage des composantes du « système fiable de protection et de défense », capable de porter des frappes nucléaires et d'abattre des satellites, ne laissera pas les Européens dormir paisiblement.

Il y a quelques jours les États-Unis ont déclaré que la Russie a enfreint le Traité sur l'élimination des forces nucléaires à portée intermédiaire (INF). Selon le gouvernement américain, depuis 1988, les Etats-Unis et l'Union soviétique se sont engagés à ne pas produire, tester ou déployer des missiles balistiques et des missiles de croisière basés au sol avec un rayon d’action entre 500 et 5500 kilomètres.

C’est de l'histoire ancienne. Il y a quelques années, la Maison Blanche exprimait sa craintes que pendant les tests, les missiles intercontinentaux russes étaient lancés à une distance inférieure à la limite supérieure, définie par le traité. Cependant, ce traité n’interdit pas les essais de missiles à une portée réduite. Ensuite les américains s’en sont pris aux missiles de croisière. Au début de l'année, ils ont commencé à affirmer que les missiles de croisière russes volent plus loin que le traité ne l’autorise. Dès le mois de juillet, Barack Obama a écrit à Vladimir Poutine une lettre à ce sujet. Mais récemment, de nouvelles accusations de la part des Etats-Unis ont été formulées.

Cette fois, on ne donne aucune précision sur le type de missiles utilisés. Il s’agirait de missiles de croisière R-500, développés pour le complexe Iskander. Mais il n’est pas exclu que les espions aient tout simplement découvert des entrepôts avec de vieux missiles de croisière. Ces missiles ne sont pas interdits par le traité. Quant aux vérifications de leur conformité aux paramètres techniques, il serait mieux de les réaliser sur la terre ferme, comme tout le monde le sait.

On passe sous silence en outre le fait que le Pentagone a trouvé un moyen intelligent de contourner cet accord. En 2011, les États-Unis ont commencé à mettre en œuvre la première phase de « L’approche adaptative européenne ». Tel est le nom officiel du projet de défense antimissile en Europe. Pour éliminer toute interrogation, ce système sera déployé au sol. Des navires militaires américains assureront des missions de surveillance dans les mers européennes. Ces navires seront équipés de composantes de ce système qui s’appelle Aegis Combat System. Mais en réalité, ce n’est pas un système de défense.

Pour la première fois ce système est apparu en 1983 sur les navires de la marine américaine. En 2013, cinq croiseurs et 25 destroyers de la flotte américaine ont été équipés avec un système antimissile. Deux destroyers américains équipés de ce système se trouvent actuellement sur une base dans la ville espagnole de Rota. Deux autres navires arriveront sur cette base en 2015.

Le fabriquant de ce système antimissile Lockheed Martin explique à quoi il sert. « Aegis Combat System peut en même temps attaquer des cibles au sol, des sous-marins et des navires de surface, assurant automatiquement la défense active de la flotte des aéronefs et des missiles ». En outre ce système a été utilisé pour abattre un satellite américain. Et la mission a réussi.

En plus des intercepteurs réguliers, le système naval de lancement vertical Mk 41 (Mark 41) est également adapté aux missiles de croisière Tomahawk, y compris avec des ogives nucléaires.
Ainsi, les systèmes américains basés au sol ont été détruits en vertu du traité. Le traité ne fait pas mention des missiles de croisière. Quant aux navires équipés avec des nouveaux systèmes, ils feront leur apparition en mer Noire et en mer Baltique. Le traité n’a donc pas été enfreint.

Mais ce n’est pas tout. Les forces militaires américaines ont élaboré un « Aegis » pour l’Europe. Comme l’indique le constructeur Lockheed Martin, Aegis Ashore est une « solution qui a fait ses preuves et dont le prix est abordable, permettant d’assurer une protection pour le système de combat Aegis Combat System au sol ». En Espagne, cette clarification a été bien comprise, et seuls les radars ont été autorisés pour protéger la zone des missiles balistiques de moyenne portée.

La seconde phase de « l’approche adaptative » en Roumanie inclut le déploiement des systèmes de lancement Mk 41, qui peuvent égalent servir pour les 24 missiles intercepteurs et les systèmes Tomahawk. La même opération devrait être réalisée en Pologne en 2018.

Le fameux Aegis déployé au sol est une copie presque identique des systèmes dont sont équipés les navires. En outre, les systèmes antimissiles pourraient être remplacés par des Tomahawk de façon légale. Sauf que les américains auront du mal à garder secret ce « redémarrage ». Mais même sans cette opération, le voisinage des composantes du « système fiable de protection de défense », capable de porter des frappes nucléaires et abattre des satellites, ne permettra pas aux européens de dormir paisiblement. T

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