L’Ukraine change de statut

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Trois projets de lois concernant l’annulation du statut de pays non-aligné ont été soumis cette semaine à la Rada ukrainienne.

Ces démarches précipitées ont pour but d’afficher le désir ardent des nouvelles autorités ukrainiennes de rejoindre l’OTAN pour se rapprocher encore plus de leurs maîtres à Washington et Bruxelles. Le statut de pays non-aligné n’en figure pas moins dans la loi sur les fondements de la politique extérieure et les priorités nationales de l’Ukraine.

Le président Porochenko et tous les « nantis du pouvoir » issus du Maïdan, se sont également prononcés en faveur de l’abrogation de la neutralité du pays. Mikhaïl Neijmakov qui dirige le centre d’analyse de la politique internationale de l’Institut de mondialisation des mouvements sociaux est surpris par le refus obstiné des autorités de Kiev de voir qu’elles sont littéralement déboutées de la porte de l’OTAN « à coups de balai » :

« C’est d’autant plus vrai que les dirigeants de l’OTAN ont plus d’une fois fait comprendre qu’il ne souhaitaient pas voir l’Ukraine adhérer au bloc. Récemment encore, il y a littéralement une semaine, le porte-parole de l’OTAN a répété ces thèses. »

Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a expliqué la position de l’Alliance : « le partenariat entre l’Ukraine et l’OTAN est possible mais pas la participation à ses instances ». Son homologue français Laurent Fabius a fait remarquer quant à lui que le forcing des autorités de Kiev sur cette question était préoccupant.

Victoria Legranova, experte en sécurité internationale, ne voit pas à quelles conditions l’Ukraine pourrait être admise à l’OTAN :

« A mon avis, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN relève du fantasme. S’y opposent tant les pays européens que les Américains qui privilégient actuellement le format de coopération bilatérale. »

Le flirt avec l’OTAN sert en réalité à occulter les événements réellement importants qui se passent en ce moment en Ukraine. Le cessez-le-feu dans le sud-est peut durer tout l’hiver sous une forme ou une autre. La situation sera alors « gelée », ce qui permettra d’éviter les nouveaux sacrifices humains. Si les négociations se poursuivaient, elles buteraient finalement sur la nécessité de la fédéralisation et de la décentralisation de l’Ukraine. Pourtant, même si Porochenko l’acceptait, il est peu probable qu’il parvienne à imposer son point de vue. Il manque d’autorité et d’envergure pour réformer le pays alors que les autres nantis du pouvoir ne lui arrivent pas à la cheville. Les chamailleries entre Iatseniouk et Porochenko, ces deux « compagnons d’armes jurés » qui se livrent une lutte de pouvoir acharnée, ne sont pas faites pour arranger les choses.

Et voici la touche finale au tableau de l’absurde ukrainien : le premier ministre Iatseniouk avait une fois de plus surpris le monde en déclarant qu’une barrière de sécurité serait érigée en 4 ans à la frontière avec la Russie. Le pays ruiné s’apprête à enfouir irrémédiablement 500 millions de dollars dans sa fondation.

Les Ukrainiens n’ont pas pour l’instant l’intention que changer le statut de l’État mais rien ne garantit qu’ils n’aillent un jour plus loin dans leur désir de faire le jeu d’un Occident homophile. T

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