Alexandre est né en 1221. Il était le fils du souverain d’une des nombreuses petites principautés russes qui avaient surgi après la désentégration de l’État russe unifié. Le jeune prince s’est vite aguerri face aux épreuves tombées en partage à la Russie au XIIIe siècle. Le pays était déchiré entre les Mongols à l’est et les Suédois et les Allemands à l’ouest, Au lieu de s’unir pour faire face aux ennemis extérieurs, les princes russe se livraient une lutte intestine cruelle. Dans ce chaos généralisé, seule la république de Novgrod située dans le nord de la Russie et s’étendant de la Baltique à l’Oural, conservait une stabilité relative. Elle était gouvernée par un conseil de riches dignitaires appelés boyards. Les princes n’étaient invités à Novgorod qu’en qualité de « ministres de la défense ». Si le ministre décevait les novgorodiens, ils le chassaient et appelaient un autre prince à sa place.
Malgré sa jeunesse, Alexandre était un guerrier expérimenté et habile, la raison pour laquelle les boyards de Novgorod lui ont offert le poste de commandant des forces armées de la république. En juillet 1240, l’estafette apporta une nouvelle inquiétante: l’armée suédoise marchait sur la ville. Alexandre se porta immédiatement au-devant de l’ennemi, attaqua les Suédois sur les bords de la Neva et les battit à plates coutures. C’est après cette victoire brillante que le jeune prince âgé de 19 ans reçut le surnom de Nevski (de la Neva) et c’est sous ce nom qu’il entra à tout jamais dans l’histoire.
Si le petit peuple de Novgorod saluait le prince, les boyards n’étaient pas pressés de lui prodiguer les honneurs dignes au vainqueur. Ils enviaient la popularité d’Alexandre et craignaient qu’il les dépossède du pouvoir. Les intrigues ourdies par les gouvernants de la république contraignent le héros à quitter la ville. Les chevaliers allemands ne tardèrent pas à profiter de l’absence du prince. Ils firent irruption sur les terres de Novgorod et prirent possession de plusieurs villes. Les boyards ravalèrent leur superbe et firent appel à Alexandre en l’implorant de leur venir en aide. Le prince défit les garnisons allemandes et libéra les villes occupée. La bataille décisive eut lieu au printemps 1242 sur les glaces du lac des Tchoudes. C’était une victoire brillante des armes russes. L’armée allemande subit une cruelle défaite. « Qui viendra chez nous avec une épée, périra par l’épée! », déclara solennellement Alexandre. Les Allemands s’empressèrent de faire la paix avec le redoutable guerrier.
Si le jeune prince repoussa les agresseurs européens, il fut incapable de libérer le pays du joug des envahisseurs mongols. La Russie gisait en ruines et Alexandre dut abandonner l’épée et entrer en négociations laborieuses avec les khans mongols. Il put prévenir à plus d’une reprise leurs incursions. Tous n’appréciaient pas le jeu diplomatique d’Alexandre, ses concessions et compromis mais le sage prince comprenait que les Mongols ne pouvaient pas être vaincus tant que la Russie était faible et désuni. Seul un pays unifié pouvait les défaire. Le temps lui avait donné raison et le joug mongol fut secoué au XVe siècle, après l’unification des principautés russes autour de Moscou.
En 1263 Alexandre, alors âgé de 42 ans, tomba malade et décéda. Des milliers de personnes accompagnèrent leur défenseur à sa dernière demeure. « Il triomphait de ses ennemis et étaut toujours victorieux », disait de lui une chronique russe ancienne. C’est la meilleure épitaphe au sage gouvernant, grand chef militaire et diplomate habile dont le nom est vénéré par une Russie reconnaissante.