La Russie et la Hongrie ont signé le 9 décembre un accord sur la construction de nouveaux réacteurs à la centrale nucléaire de Paks, écrit jeudi 11 décembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Avant cela, l'Office hongrois de l'énergie atomique avait délivré une licence pour prolonger les délais d'exploitation du deuxième réacteur actif de Paks de 20 ans — jusqu'au 31 décembre 2034. Le premier réacteur avait reçu une licence identique en décembre 2012. L'unique centrale nucléaire en activité en Hongrie se situe à 100 km de Budapest et à 5 km de Paks, elle fournit plus de 42% de l'électricité produite dans le pays.
La centrale est dotée de quatre réacteurs russes à eau pressurisée VVER-440, mis en service respectivement en 1983, 1984, 1986 et 1987. La puissance initiale des réacteurs s'élevait à 440 MW et a été portée jusqu'à 470 MW après leur modernisation.
En janvier 2014, la Russie et la Hongrie ont signé des accords intergouvernementaux sur la coopération dans le secteur de l'énergie nucléaire civile, prévoyant la construction de deux nouveaux réacteurs d'une puissance de 1 200 MW chacun sur le site de la centrale de Paks. Le premier doit entrer en service en 2023 et le second en 2025.
La signature de contrats aussi importants est un succès commercial évident du groupe nucléaire public russe Rosatom en Hongrie. En dépit de la montée en flèche de la tension politique et du blocus financier de la Russie, Rosatom accroît son portefeuille de commandes étrangères. Le parlement finlandais s'est, lui aussi, prononcé récemment en faveur de la construction de la centrale nucléaire Hanhikivi 1 de conception russe. Tout cela alors même que la Finlande et la Hongrie font partie de l'Union européenne, dont de nombreux membres font partie, avec les USA, des partisans les plus fervents des sanctions contre la Russie. Par conséquent, on peut parler d'une importante efficacité économique de ses projets (elle a réussi à s'imposer face aux motivations politiques) et d'une nouvelle victoire des technologies nucléaires russes sur un marché très compétitif.
Dans les circonstances actuelles – sur fond de baisse générale de la croissance économique – les gouvernements nationaux commencent à songer à leurs propres intérêts et deviennent plus pragmatiques en ce qui concerne les projets communs, sans les politiser et en misant sur le partenariat et la coopération à long terme. Par exemple, la fermeture du projet de centrale nucléaire de Béléné en Bulgarie a montré que sur le plan économique, le résultat était négatif pour le pays. L'Union européenne n'a proposé aucune alternative, son financement a été fermé, le chômage a augmenté et la sécurité énergétique du pays s'est affaiblie. Au regard de telles expériences, les pays membres de l'UE cherchent à mener une politique plus rationnelle et se fient moins à Bruxelles.