Institué en 2010 par le Forum suisso-russe (FSR), une association à but non lucratif siégeant à Zurich, ce prix porte le nom du grand capitaine russe Alexandre Souvorov. En 1799, des troupes commandées par Souvorov ont effectué une traversée héroïque du col du Saint-Gothard dans les Alpes suisses, et ont infligé une défaite à l’armée de Napoléon Bonaparte près du pont du Diable. Depuis lors, le nom d’Alexandre Souvorov est l’un des plus vénérés en Suisse. La remise du prix Souvorov 2014 a coïncidé avec un autre évènement marquant de l’histoire des relations de nos deux pays, le bicentenaire de l’établissement de relations diplomatiques entre la Russie et la Suisse.
Selon le règlement du prix Souvorov, les critères du choix des projets sont les suivants : l’importance innovatrice, la créativité et la portée sociale. Et encore, comme l’a expliqué la présidente exécutive du FSR, Béatrice Lombard-Martin, le rôle décisif lors du choix revient au « facteur entreprise », c’est-à-dire à la demande de l’innovation sur le marché. Selon elle, le prix d’un montant de 10.000 dollars est décerné à des chercheurs et entrepreneurs jeunes et prometteurs de Suisse et de Russie pour les inciter à des échanges scientifiques et économiques bilatéraux. 28 demandes de participation ont été présentées au concours de 2014. Un jury comprenant des chercheurs réputés ainsi que les dirigeants de plusieurs technopoles innovants de Suisse et de Russie a sélectionné les trois projets les plus prometteurs dont les auteurs ont été déclarés lauréats le 16 novembre.
Parmi les récipiendaires du prix Souvorov 2014 compte la société russo-suisse MD Systems qui a présenté un projet innovant de construction de routes selon la technologie de stabilisation des sols avec des matériaux polyremplis. Ce projet est certainement très important pour la Russie avec ses espaces géants et avec ses routes souvent mauvaises et dont la construction revient beaucoup plus cher qu’en Suisse. « Quelle est la raison d’être de votre projet ? », a demandé notre commentateur. Voici la réponse du directeur général de la société, Sergueï Mouraviev.
Ce projet consiste à mélanger n’importe quel sol avec des adjuvants chimiques dits polyremplis et conçus selon une technologie suisse, et qu’il est ensuite tassé par des rouleaux compresseurs. On peut presque immédiatement mettre de l’émulsion de bitume et de l’asphalte sur des terres compactées. Les routes construites selon cette technologie servent de dix à quinze ans sans entretien. En plus, cette technologie permet de réduire le prix de la construction de n’importe quelle route de 15-20 %. Nous utilisons cette technologie suisse depuis 2006 et nous avons déjà construit des routes de catégories différentes, notamment des routes fédérales, dans une vingtaine de régions russes. Pareilles routes étaient jusqu’à ces derniers temps inexistantes en Russie. Elles sont maintenant en voie de construction dans les régions où il faut acheminer, souvent de loin, des matériaux de construction comme le sable ou le gravier.
D’après Sergueï Mouraviov, un jour et dix ouvriers suffiront pour construire un kilomètre de route selon la technologie suisse bien que ce processus prenne presqu’un mois selon la technologie traditionnelle. Entre-temps, MD Systems a déjà construit dans une banlieue de Moscou, la ville de Khimki, une usine de matériaux polyremplis, un agent chimique proposé à ses collègues russes par le Suisse Sandro Lepori, président du conseil de surveillance de la société.
Au terme de la partie officielle de la cérémonie, Igor Yazon a questionné la présidente exécutive du FSR, Béatrice Lombard-Martin. A propos, Pierre Helg, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Suisse en Russie, et Béatrice Lombard-Martin ont été la veille les invités du président de la Douma d’Etat (chambre basse du Parlement russe), Sergueï Narychkine, qui a remis une médaille à Béatrice Lombard-Martin.
L’un des participants à la cérémonie de remise des prix Souvorov, Pierre Helg, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Suisse en Russie, répond le dernier aux questions de notre commentateur.