Le gouvernement japonais a rendu public un Plan de défense à moyen terme, document selon lequel le Japon dépensera quelque 247 milliards de dollars au réarmement de ses forces d’autodéfense de 2014 à 2018. Ce plan a pour objectif de créer des Forces d’autodéfense dynamiques unifiées.
Qu’est-ce qui a donc amené le Japon à moderniser ses forces d’autodéfense ? Est-ce une mesure forcée face à la menace potentielle de la part de pays voisins ou bien le fait de progresser dans le courant général des pays d’Asie-Pacifique qui dictent le rééquipement des forces armées nippones ? Nous sommes en présence de facteurs convergents, estime Vitali Chvydko, chef du département d’économie et de politique du Japon à l’Institut d’économie mondiale et des relations internationales.
« Le Japon veut manifestement relâcher les restrictions bénévoles en ce qui concerne la défense nationale. Cela se rapporte non seulement à la composition et à la structure des forces d’autodéfense mais aussi aux armements. Les alliés dont les Américains ont souvent reproché au gouvernement japonais de ne pas dépenser assez pour la défense et de ne pas respecter ses engagements à leur égard dans leur intégralité. Aujourd’hui, plusieurs facteurs ont convergé : un sentiment d’arriération procuré par les restrictions bénévoles en matière d’autodéfense ainsi que des pressions de la part des Etats-Unis. Pour le Japon, c’est aussi une question de prestige national et international : ce pays était trop fortement lié par des restrictions après la Deuxième Guerre mondiale. Maintenant les temps et le milieu ont changé. Le Japon veut se débarrasser de sa marque d’ « agresseur qui a perdu la guerre », et il est fermement résolu à se procurer un potentiel militaire qui serait adéquat à sa force économique. Cela concerne les armements mais aussi l’interprétation élargie du droit à l’autodéfense».
Le Japon se pose toujours en Etat épris de paix en qualifiant sa nouvelle approche de l’armement de « politique de pacifisme actif ». Cela suscite des craintes, voire l’indignation de la Chine et des deux Corées, bien que ces pays augmentent et modernisent énergiquement eux-mêmes leurs forces armées. Quant à la position russe, elle est très modérée. Selon Chvydko, la Russie appelle le Japon à prendre en considération les avis de la Chine et des deux Corées et à éviter les mesures radicales. Cependant, les officiels russes ne font pas de déclarations sur la « militarisation » du Japon. /N
