Le gouvernement colonial d'Ukraine

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Après plusieurs semaines de chamailleries et de querelles, les autorités ukrainiennes ont réussi à former le gouvernement que les analystes ont d’emblée surnommé de « cabinet de dépendance ».

En effet, trois postes-clés - des finances, de l’économie et de la santé publique ont été concédés aux étrangers. C’est curieux mais il a fallu faire voter la liste des membres du nouveau cabinet qui ne passerait pas en cas de vote nominal.

Le budget ukrainien sera désormais établi et réparti par l’Américaine d’origine ukrainienne Natalia Iaresko, copropriétaire de la société étasunienne « Horizon capital ». Elle est surtout connue comme la copine de l’épouse américaine de l’ex-président Viktor Ioutchenko. L’économie et le commerce seront contrôlés par le Lituanien Aïvaras Abromavitchus, associé de la société d’investissement suédoise « East capital ». On ne sait pas grand-chose sur lui mais on sait en revanche que la société en question est un des grands investisseurs en Ukraine. Le Géorgien Alexandre Kwitachvili sera en charge de la santé publique. C’est lui qui avait lucrativement privatisé les hôpitaux et les services polycliniques dans sa patrie historique. A propos, cette nomination de l’acolyte de Saakachvili a été très mal prise à Tbilissi. La créature de Washington Arseni Iatseniouk a conservé, on s’en doutait bien, le poste de premier ministre. Poltorak, Avakov et Klimkine fidèles aux euro-idéaux, ont conservé les postes des ministres de la défense, de l’intérieur et des affaires étrangères.

Voici le commentaire d’Alexandre Goutchine, directeur de chaire des ex-pays soviétiques de l’Université des sciences humaines :

« De nombreux membres du cabinet ont incontestablement des liens avec l’Occident où ils ont fait leurs études ou suivi des stages. Beaucoup d’entre eux sont des experts en investissements. Je crois que c’est une tentative de gérer la crise que vit actuellement l’Ukraine. Quant à coopter des étrangers dans le gouvernement, cela répond à la politique extérieure générale de l’Ukraine qui est ouvertement pro-occidentale. »

Pratiquement tous les observateurs sérieux s’accordent à dire que le nouveau cabinet sera entièrement soumis aux intérêts étrangers. Le journal autrichien Contra Magazine écrit carrément que l’inclusion des « Varègues » au cabinet des ministres montre que Porochenko voit l’Ukraine comme « une colonie » des États-Unis. A propos, un scandale parfaitement prévisible s’est produit à la toute première réunion du cabinet – trois ministres ne comprenaient pas tout simplement la langue que parlaient les autres.

Le fait même de nomination des « Varègues » montre que les protecteurs occidentaux de Kiev n’ont plus confiance dans la capacité des élites ukrainiennes à gérer l’économie et prennent tout sous leur entier contrôle. Cela signifie que toutes les décisions économiques en Ukraine seront désormais prises uniquement dans l’intérêt des créanciers et des sponsors extérieurs et que les oligarques ukrainiens ne pourront plus contrôler les flux d’argent. Et si la population « maïdanisée » s’accommode probablement de ce coup de force, les oligarques ne s’en accommoderont pas du tout et prendront prochainement Porochenko en cible. Par conséquent, le chaos en Ukraine existera encore pendant de longues années, estime le directeur de l’Institut national de l’énergie Serguei Pravossoudov:

« C’est une position exclusivement politique parce que les Américains ne veulent pas que les autorités ukrainiennes entretiennent des relations avec la Russie. Elles ont pour mission de lui faire la guerre. C’est pour cette raison qu’elles se laisseront entraîner dans la guerre d’une façon ou d’une autre. Cette guerre durera encore longtemps au grand dam de l’Ukraine. Ce pays est plongé dans le chaos et ne s’en sortira pas avant longtemps. »

Les tentatives d’établir un cessez-le-feu dans le sud-est du pays se heurtent au refus des nationalistes qui veulent continuer à faire leurs choux gras à coups de pillages et de pogroms et ont recours aux armes interdites. Ce fait a été confirmé une fois de plus par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. Elle signe que, contrairement aux conventions internationales, les militaires ukrainiens tirent sur la population à coups de lance-roquettes multiples Grad et utilisent des obus à sous-munitions.

Selon les experts, l’Ukraine s’enlise de plus en plus dans la crise. Elle finit actuellement de gaspiller ce qui lui reste des réserves de change, demande en vain de l’argent à l’Occident et se demande si elle survivra jusqu’au printemps. La cessation des paiements dont elle est menacée paraîtra un vent léger sur ce fond, quand les nantis du pouvoir se sauveront à l’étranger en changeant à leur accoutumée de nationalité après avoir ruiné l’économie du pays.

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