L'Europe ne restera pas sans gaz russe – Gazprom et la compagnie turque BOTAS ont signé un mémorandum d'entente sur la construction d'un nouveau gazoduc sous la mer Noire d'une capacité de 63 milliards de mètres cubes par an. L'ancien projet South Stream sera ainsi de fait réorienté vers la Turquie.
La Russie a décidé de renoncer au projet South Stream en l'absence d'accord avec la Bulgarie et à cause de la position de la Commission européenne, qui s'oppose à la réalisation de ce projet. Comme la déclaré le PDG de Gazprom Alexeï Miller, le projet South Stream est "fermé définitivement". Pour sa part, le ministre russe de l’Énergie Alexandre Novak a réaffirmé que la Russie continuerait d'honorer tous les contrats gaziers avec les pays européens.
"La Russie honorera tous ses contrats. Nous demeurons un fournisseur de gaz fiable pour les pays européens. Compte tenu de la nouvelle proposition, cette question sera étudiée de manière encore plus détaillée", a déclaré le ministre aux journalistes.
Selon Alexeï Grivatch, directeur général adjoint de la Fondation russe pour la sécurité énergétique nationale, la Turquie rêvait depuis longtemps d'un tel projet. "Leur stratégie énergétique intégrait cette perspective et ils cherchaient progressivement à la mettre en œuvre. Comme nous le savons, l'Iran a été isolé pendant une longue période et cela n'a pas fonctionné avec le gaz iranien. Aujourd'hui ce projet est mis en œuvre grâce au gaz azerbaïdjanais mais dans des quantités insuffisantes", note-t-il.
Il est question de 10 milliards de mètres cubes par an. "L'apparition du gaz russe change foncièrement la situation, bien sûr", explique Alexeï Grivatch. "Le projet reprend l'idée du South Stream, sauf qu'il ira en Turquie au lieu de la Bulgarie. On pourrait le voir comme une extension du Blue Stream ou un nouveau projet", ajoute l'expert.
Selon l'analyste de Sberbank KIB Valeri Nesterov, en empêchant la réalisation de South Stream les Européens se sont tirés une balle dans le pied. "Parce que le projet South Stream était réalisé essentiellement avec l'argent de Gazprom et était très bénéfique pour eux, car il garantissait des fournitures de gaz russe à 100% fiables indépendamment du facteur ukrainien", explique l'expert.
"La décision d'annuler le projet South Stream aura un impact négatif sur les consommateurs européens. Notamment les pays à qui il était proposé de participer à ce projet parce qu'ils perdent une partie du transit qui passera par la Turquie. Avant le projet South Stream, depuis début des années 2000 existaient des plans de développement du Blue Stream et des livraisons via la Turquie. Aujourd'hui, cette option est une mesure obligée – il aurait été préférable de sortir sur le marché européen et de supprimer le risque de transit ukrainien directement", conclut Alexeï Grivatch.