Les désordres dans la ville nord-américaine de Ferguson, Etat du Missouri, ont commencé le 25 novembre, après la décision de ne pas poursuivre l'officier Darren Wilson pour avoir abattu en août un jeune homme afro-américain de 18 ans, Michael Brown. Cette fois les choses ne se sont pas limitées à la seule ville de Ferguson. Des manifestations d’ampleur se sont déroulées dans 37 Etats du pays.
La crise aux Etats-Unis mûrissait depuis longtemps. Et donc il a suffi d’un incident relativement peu important (à l’échelle du pays) pour qu’il devienne un catalyseur du processus en veilleuse dans la société. A l’évidence, l’inégalité raciale est un gros problème. Cela veut dire que les Etats-Unis qui disent apporter la paix et la démocratie à travers le monde, ne sont toujours pas parvenus à maîtriser leurs propres difficultés internes.
D’après le président Barack Obama, « ce qui s’est passé montre à nouveau que la méfiance envers les forces de l’ordre constitue une menace sérieuse à la société civile des Etats-Unis ». On doit dire qu’il ne s’agit pas de la méfiance envers la justice et les policiers. On peut y ajouter la fameuse réforme de la santé publique promise par M. Obama, ainsi que les problèmes économiques. Les actions de protestation en cours envoient un nouveau signal à l’administration des Etats-Unis: des changements s’imposent, dit le professeur de l’Université de Saint-Pétersbourg Alexandre Koubychkine.
« C’est un signal très sérieux pour les démocrates, comme pour Barack Obama. Pour lui c’est aussi un message personnalisé, car il est le premier président afro-américain dans l’histoire des Etats-Unis. Et, bien sûr, les Noirs, les Américains d’origine asiatique et latino-américaine représentent une puissante ressource électorale pour le parti démocrate et personnellement pour M. Obama. Aussi toute aggravation des contradictions au sein du bloc démocrate, profite-elle, évidemment, avant tout aux républicains. »
Il est fort probable que le pouvoir cherche à réprimer durement la rébellion en cours contre le système: la Garde nationale combat déjà les manifestants avec du gaz lacrymogène et des balles de caoutchouc. Mais les chances sont minces que cela puisse concourir à résoudre le problème réel, dont la gravité pour les Etats-Unis est visiblement sous-estimée par les pouvoirs, considère Alexeï Martynov, qui dirige l’Institut international des Etats contemporains.
« Le système américain est organisé de manière qui ne permet pas à l’Etat de voir dans de telles situations à l’intérieur du pays d’autre recette sauf une dure répression de telles actions de protestation. En conséquence, cela peut dégénérer en une très grave crise politique interne du système pour l’ensemble des Etats-Unis. Qui peut aller jusqu’à une démission avant l’expiration du mandat présidentiel de M. Obama. »
En attendant, de nombreuses arrestations, des canons à eau et des balles de caoutchouc ne parviennent pas à mettre fin aux actions de protestation. Et d’après tout, cette fois la direction du pays ne saura pas s’en tirer facilement face aux citoyens américains mécontents.