Il est clair qu’il est encore tôt pour en parler dans les conditions de bombardements incessants. Cependant, il est grand temps de penser comment vivront les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk après la guerre, si des techniciens y resteront ou non et qu’il y aura pour eux du travail ou non.
Le gouvernement ukrainien a calculé que la réparation des infrastructures du Donbass nécessiterait 8 milliards de dollars. Toutefois, les fonctionnaires de Kiev ne sont pas tout à fait honnêtes : la somme a été visiblement minimisée. Ces estimations ne tiennent vraisemblablement pas compte des dépenses des entreprises privées qui ont été touchées par des bombardements elles aussi. Voici le commentaire d’Ivan Rodionov, professeur à l’Ecole des hautes études en sciences économiques :
Concernant les investissements nécessaires, il est évident qu’il s’agit de dizaines de milliards de dollars. Et ce, rien que pour restaurer l’industrie telle qu’elle était avant la guerre. La réparation des infrastructures sociales exigera pas moins de fonds car les capacités industrielles sans ouvriers ne sont pas grand-chose. Les travailleurs sont quant à eux inconcevables sans leurs familles, sans leurs femmes ni leurs enfants. A mon avis, personne ne saurait maintenant réaliser le programme de redressement du Donbass, ni l’Ukraine ni la Russie au cas où Moscou prendrait des engagements dans ce sens.
Les autorités de Kiev envisagent diverses variantes de redressement : elles proposent aux habitants de la région de réparer eux-mêmes toutes les infrastructures et invitent de grandes entreprises à participer à ce processus. Cette tâche paraît irréalisable dans les conditions d’échanges de tirs incessants. Certains experts estiment que le Sud-Est ne pourra pas pardonner à Kiev sa terreur sanglante et que l’Ukraine a perdu le Donbass pour toujours. Mais les habitants des républiques de Donetsk et de Lougansk, pourront-ils redresser l’industrie sans l’aide d’autrui ? Les prévisions dans ce domaine sont peu réconfortantes, considère Ivan Rodionov.
Pourquoi n’y parviendront-ils pas sans faire partie d’une plus grande communauté ? Parce que les problèmes de l’alimentation en électricité, des transports, des douanes et des impôts se posent toujours. Des infrastructures appropriées sont nécessaires. Il est clair que les républiques sécessionnistes ne sont pas à même de les créer à elles seules.
Il est impossible de donner une recette précise de redémarrage de la production industrielle dans le Donbass, du moins avant la fin des hostilités, même si le bilan de ces dernières est connu depuis longtemps : il n’y aura pas de vainqueurs dans ce genre de guerre. La preuve en est un nouveau rapport de financiers américains. Selon eux, l’Ukraine ne sortira pas de la crise économique et un défaut de paiement est inévitable sans la réparation de l’industrie du Donbass.