Pourtant, les démocrates actuellement au pouvoir aux États-Unis préconisent la révision des accords conclus entre l’Inde et l’administration républicaine.
En effet, au temps de président George Walker Bush, l’Inde et les États-Unis se sont entendus sur le développement de la coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire. Comme l’Inde n’a pas signé le Traité sur la non-dissémination des armes nucléaires, les fournisseurs des technologies nucléaires se voient imposer plusieurs restrictions en matière de coopération avec elle. Les États-Unis avaient dans le temps usé de leur influence et obtenu une exception pour l’Inde dans le cadre du Groupe des fournisseurs nucléaires. Cette exception a permis de faire démarrer une coopération d’envergure avec l’Inde dans le domaine du nucléaire pacifique. Or, on a l’impression que les démocrates actuellement au pouvoir aux États-Unis veulent revoir les termes de cette coopération, estime Anton Khlopkov, directeur du Centre d’énergie et de sécurité, membre du groupe d’experts en sécurité internationale près le Conseil de sécurité russe :
"L’administration américaine cherche surtout à durcir les exigences en matière de non-dissémination. Les États-Unis, pourront-ils atteindre leur but? C’est peu probable parce que les engagements déjà pris sont critiqués en Inde et que les engagements nouveaux paraissent aléatoires dans ce contexte. Par conséquent, l’Inde sera réticente à avancer dans la voie de la non-dissémination. Mais il est évident aussi que des industriels américains font du lobbying en faveur du développement des contacts avec l’Inde dans le domaine nucléaire. L’Inde est un grand marché qui est convoité tant par l’industrie nucléaire russe et française qu’américaine."
Le programme nucléaire militaire indien a été créé grâce à l’usage non déclaré du réacteur nucléaire de recherche livré par le Canada. L’inde a violé ses engagements dans le cadre de coopération bilatérale avec le Canada. Elle avait également utilisé l’eau lourde d’origine américaine malgré l’engagement de s’abstenir à le faire à des fins militaires pris envers les États-Unis. Cette histoire remonte aux années 1960 – début des années 1970 mais les experts américains ont une bonne mémoire. C’est sans doute pour cette raison que Washington essaie de durcir les exigences envers l’Inde dans le cadre du marché nucléaire, estime Anton Khlopkov :
"Il faut aussi noter que la partie indienne avait adopté une loi très controversée sur la responsabilité pour les dommages dans le domaine nucléaire. Ce texte complique dans une grande mesure l’accès des exportateurs nucléaires étrangers au marché indien. Cela a créé un écheveau des problèmes liés à l’utilisation du nucléaire pacifique et à la coopération avec l’Inde dans ce domaine que les deux parties ont maintenant à démêler."
Certes, le statut de l’Inde dans les rapports avec le Groupe des fournisseurs nucléaires, se répercute également sur les intérêts russes dans ce pays parce que c’est un très grand marché dans une perspective prévisible pour l’industrie nucléaire russe. Et puisque la Russie espère avoir plus d’unités qui se construisent et seront par la suite exploitées d’après les projets russes, les atomistes russes suivent de près la coopération que leurs collègues indiens entretiennent avec d’autres pays. T