Grâce à cette transaction, les investisseurs étrangers auront également accès aux actions de 586 sociétés de Chine continentale. La capitalisation des deux places financières est estimée à 2 billions de dollars.
L’opération était attendue, mais elle a été reportée à maintes reprises. Une nouvelle étape des expérimentations avant la fusion s’est terminée en août dernier, et comme résultat, l’indice de la Bourse de Shanghai a bondi de 0,83 %. Le lancement officiel de la fusion des deux places financières devait avoir lieu au milieu d’octobre, mais les troubles sociaux à Hong Kong ont forcé les régulateurs financiers à reporter cette date.
Selon les experts, la fusion des Bourses de Shanghai et de Hong Kong est un projet voulu par Li Keqiang, le premier ministre du Conseil d’Etat de la RPC, deuxième homme politique au gouvernement chinois actuel. Une telle protection politique était d’une grande aide pour porter le projet à terme. D’ailleurs, cette fusion reflète les plans ambitieux du gouvernement chinois de renforcer le yuan chinois sur les marchés monétaires et financiers mondiaux. Cette opération donnera un nouvel élan au secteur de la finance en RPC, estime Andreï Ostrovski, le vice-directeur de l’Institut de l’Extrême-Orient de l’Académie des sciences de Russie.
« La Bourse de Hong Kong est l’une des principales places financières dans le monde. La Bourse de Shanghai est également en pleine croissance. La fusion des deux places permettra au yuan chinois de participer plus activement aux opérations sur le marché monétaire et financier international. La Chine est persuadée que ce projet pourra être mené à terme sans problème, mais le monde de la finance, arrivera-t-il à supporter cette fusion ? Car l'économie chinoise exerce déjà une pression croissante sur l’économie mondiale, et l'Occident y reste très hostile. Pour l’instant, la part du yuan chinois est assez faible dans le commerce international, atteignant à peine 10% de toutes les transactions dans le monde. Mais lorsque le yuan occupera une place plus importante sur le marché international et deviendra une monnaie principale sur les marchés financiers, aux côtés de l’euro et du dollar, nous verrons quelle sera la réaction de l’économie mondiale. En tous cas, la fusion des deux Bourses contribue pour beaucoup à ce processus ».
Selon Andreï Ostrovski, le binôme boursier « Hong Kong-Shanghai » – c’est une nouvelle place, dont l’existence devrait encourager le développement l’industrie russe, et notamment les sociétés spécialisées dans la production des matières premières et les technologies. L’industrie russe sera également plus présente sur le marché asiatique.
« La Russie devrait se tourner plus activement vers l’Asie pour pouvoir tirer des profits de cette fusion », explique-t-il. « Tout d'abord , cela concerne le monde financier et les banques russes. Ces processus sont déjà en cours. Par exemple, la banque VTB mène déjà des activités financières sur le marché chinois. En même temps, le volume des opérations sur le marché chinois reste insuffisant. La banque Sberbank a déjà ouvert son bureau en Chine. Promsviazbank a commencé à travailler plus activement sur le marché chinois. Cependant, le volume des opérations sur le marché chinois reste insuffisant. Le principal problème des entreprises russes – c’est qu’elles sont pour l’instant orientées sur les régions occidentales. Cette fusion est un bon signal et une chance pour les sociétés russes de se tourner entièrement vers l'Orient ».
La transaction a déjà suscité des réactions par ailleurs dans le monde économique. Ainsi, le Japon a exprimé sa volonté de rejoindre ce processus. Une proposition à cet effet a été formulée à la veille de la rencontre entre le premier ministre Shinzo Abe avec le chef d’Etat chinois Xi Jinping, en marge du sommet de l'APEC à Pékin. Cette proposition semble d’autant plus étonnante que les tensions politiques persistent toujours entre la Chine et le Japon.
« Le marché chinois est très important pour nous, et nous essayerons de participer à cette fusion », a déclaré le Hiromi Yamaji, le patron d’Osaka Exchange, une subdivision Japan Exchange. « Nous sommes prêts à collaborer avec les Bourses chinoises ». Mais le grand patron de la finance japonaise n’a pas donné aucune précision sur la manière dont l’opérateur envisage de participer à l’activité des Bourses de Shanghai et de Hong Kong.