Le président arménien Serge Sarkissian s'est rendu jeudi dans la République non reconnue du Haut-Karabakh pour faire le point sur la situation après qu'un hélicoptère arménien Mi-24 a été abattu par l'armée azerbaïdjanaise près de la ligne de contact des parties en conflit, écrit vendredi 14 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
De toute évidence, l'équipage de l'hélicoptère abattu n'a pas survécu. Erevan n'excluait pourtant pas hier qu'il pouvait encore être en vie et avoir besoin de soins médicaux.
Bien que le Mi-24 soit tombé dans la zone neutre qui sépare les belligérants, les militaires azerbaïdjanais ont ouvert le feu pour empêcher les Arméniens de s'approcher de l'appareil.
La situation est restée inchangée jeudi et c'est pourquoi Stepanakert (capitale de la République du Haut-Karabakh) a demandé au bureau de la Croix-Rouge de faire le jour sur le sort des militaires arméniens et, visiblement, d'aider à récupérer les dépouilles.
L'incident s'est produit mercredi vers midi. Selon Bakou, le Mi-24 a pénétré dans l'espace aérien azerbaïdjanais en se préparant à attaquer les positions avancées des troupes. Cependant, cette tentative a été empêchée par un tir précis de l'appelé Ilkin Mouradov, qui recevra une médaille pour son acte.
Stepanakert a catégoriquement démenti la version azerbaïdjanaise. David Babaïan, chef du service d'analyse auprès du président du Haut-Karabakh, a déclaré: "L'hélicoptère volait sans armements. Il effectuait un vol d'entraînement et ne participait à aucune opération militaire d'essai: il n'y avait pas d'armes, de munitions ou de matériel militaire à bord, c'est facilement vérifiable si on examine l'appareil. Le Mi-24 a été abattu par un impact dans la queue, c'est-à-dire "de dos". Je comparerais cet incident avec le crime de l'officier azerbaïdjanais Safarov, qui avait tué à la hache un officier arménien en train de dormir, avec lequel il suivait une formation dans le cadre de l'Otan". David Babaïan a souligné que cette tragédie n'aurait aucune incidence sur le déroulement des manœuvres militaires, qui se poursuivront jusqu'à leur terme, et que malgré la tension la situation restait sous contrôle.
La version arménienne est confirmée par un enregistrement vidéo de mauvaise qualité publié sur Facebook. S'il s'agit bien du Mi-24 abattu, alors le missile a été tiré derrière l'hélicoptère qui volait en direction des positions arméniennes. Par conséquent, la version azerbaïdjanaise de la "préparation d'une attaque" ne tient pas.
Une chose est certaine: ce tir précis vient de mettre une croix sur les maigres progrès dans les négociations.
Le secrétaire général de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), Nikolaï Bordiouja, a qualifié cet événement "d'incident dangereux provoquant l'exacerbation de la situation dans la région". D'après sa déclaration, l'hélicoptère effectuait un vol d'entraînement. Le ministère arménien de la Défense a réagi très violemment. Selon le communiqué signé par le porte-parole du ministère Artsoun Ovannissian, "les conséquences seront très douloureuses pour Bakou et resteront sur la conscience des dirigeants politico-militaires de l'Azerbaïdjan".
Le ministère arménien des Affaires étrangères a rejeté la responsabilité de cet incident sur Bakou.
L'Azerbaïdjan a annoncé la fermeture de l'espace aérien au-dessus du Haut-Karabakh.
Une décision peu logique puisqu'il est déjà fermé sur décision des autorités azerbaïdjanaises depuis 1994. Néanmoins, le président arménien Serge Sarkissian s'est rendu dans le Haut-Karabagh en avion.