La crise ukrainienne continue de peser sur l'Europe et ses relations avec la Russie, écrit jeudi 13 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Certains pays de l'UE doutent de l'efficacité des sanctions économiques comme outil de pression politique sur Moscou. La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé qu'elle aurait l'occasion d'évoquer la situation avec le président russe Vladimir Poutine.
Cette rencontre aura très probablement lieu à Brisbane, en Australie, lors de la réunion du G20 les 15 et 16 novembre. La chancelière a déclaré lors d'un entretien téléphonique avec le président ukrainien Piotr Porochenko que la situation en Ukraine serait l'une des questions prioritaires du G20. A Brisbane, Angela Merkel pourra s'entretenir aussi bien avec Vladimir Poutine qu'avec Barack Obama, si elle a réellement l'intention de promouvoir la désescalade du conflit. Certains articles de presse allemands notent que la chancelière a des chances de réussir, étant de fait l'unique dirigeante en contact permanent à la fois avec la Maison blanche et le Kremlin.
Dans une conférence de presse le 11 novembre, Merkel a déclaré: "Il n'est pas prévu d'adopter de nouvelles sanctions économiques et nous nous concentrons actuellement sur l'instauration d'une trêve, tout en tenant compte de l'hiver et de la situation humanitaire". Ses commentaires sont également prudents au sujet des affirmations ukrainiennes concernant la fourniture d'armes russes via la frontière russe: "Si c'était le cas, cela ne contribuerait certainement pas à stabiliser la situation".
Tel est le ton de l'Allemagne à la veille de la réunion des ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l'UE à Bruxelles le 17 novembre. Une entente a été trouvée au cours de la visite de la nouvelle chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini à Berlin. Bien qu'elle ait mentionné avec le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier que les sanctions faisaient leur effet et que ce thème serait soulevé à la réunion de lundi prochain, la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Russie a été soulignée. "Les aspirations à bloquer les canaux de communication sont incompréhensibles", a déclaré Steinmeier, faisant certainement allusion à l'appel du premier ministre britannique David Cameron à durcir les sanctions antirusses et aux autres personnalités politiques qui partagent ce point de vue. "L'UE n'a pas trouvé de consensus en ce qui concerne les sanctions, l'attitude à adopter envers Kiev et l'entente avec la Russie. Cela complique les choses. Il faut s'armer de patience", estime Steinmeier.
Selon certaines informations, immédiatement après Bruxelles et probablement après un passage à Kiev, le ministre se rendra à Moscou. D'ici là il saura comment se sera déroulée la discussion sur le dossier ukrainien à Brisbane. L'Europe s'attend à ce que Berlin prenne davantage l'initiative pour chercher des solutions à la crise, notamment compte tenu des sentiments des Allemands. 68% d'entre eux pensent que les sanctions ne changeront pas la politique russe, et pour la plupart ils s'opposent à leur durcissement. Les mises en garde des vétérans de la politique mondiale Mikhaïl Gorbatchev, Hans-Dietrich Genscher, Helmut Kohl, Henry Kissinger, Helmut Schmidt et d'autres contre le risque d'une nouvelle guerre froide trouvent donc un large écho.