A en croire les sources wikipédiennes, Gilles-William Goldnadel, un avocat franco-israélien, est aussi un essayiste et militant associatif. Connu pour son engagement politique pro-israélien, il s’est fait caractériser par Jean-Yves Camus comme une figure emblématique du courant néo-conservateur qui s'est progressivement développé dans la communauté juive française, au cours des années 2000. En 2010, il se fait élire membre du comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).Voici son analyse de la conjoncture actuelle en Palestine.
Voix de la Russie. Israël et la Palestine… Comment voyez-vous l’avenir de ces relations plus que houleuses ?
Gilles-William Goldnadel. Je ne récuse pas du tout le portrait que vous avez bien voulu brosser de ma personne, mais je le trouve un peu réducteur parce que je ne me contente pas d’examiner les rapports israélo-palestiniens ! Les articles que je fais dans Le Figaro et ailleurs. Mon regard est porté sur l’ensemble du monde et que finalement le regard que j’y porte explique l’analyse que je fais du problème israélo-palestinien plutôt qu’une éventuelle tribalité que je ne récuse pas pour autant !
On ne peut comprendre ma relative désespérance de voir qu’il n’y a pas d’interlocuteur, à mon avis, valable pour les Israéliens que pour deux raisons : la première, c’est la montée d’un islamisme radical au sein du monde arabe que ce soit en Orient comme dans l’Occident, et qui explique que les islamistes ont vent en poupe. Il n’y a aucun doute à cela – raison pour quoi d’ailleurs vous auriez remarqué que Mahmoud Abbas, lui-même Président soi-disant modéré de l’autorité palestinienne, utilise aujourd’hui le faux problème de la guerre des mosquées - comme si les Israéliens étaient sur le point de prendre d’assaut la mosquée d’Al-Aqsa ! – comme thème fédérateur pour les Arabes de Palestine.
Et cela est une vieille antienne quand vous regardez l’histoire de Jérusalem – je sais que les Russes sont parmi les peuples toujours extrêmement intéressés par Jérusalem ! – vous verrez que le thème des mosquées en danger est un thème qui plaît beaucoup si j’ose dire aux musulmans de Palestine. Et d’autre part, l’une des explications à ce que je considère comme un irrédentisme palestinien, c’est la faiblesse du leadership américain !
C’est qu’aujourd’hui l’absence de leadership américain a cette double et terrible conséquence, d’une part, de ne pas inspirer du tout ni la confiance aux Etats-Unis d’Amérique, ni de peur à ses ennemis, et de ne pas non plus entraîner dans le sillage d’une Amérique forte les Occidentaux. Et donc si je me mettais à la place d’un Arabe de Palestine qui ne considérait pas avec beaucoup d’enthousiasme la présence juive sur une terre qu’il considère comme la leur, je considérerais que cela n’est certainement pas le moment de faire des compromis puisqu’on peut imaginer que le rêve palestinien qui correspond très exactement au cauchemar israélien, pourrait se réaliser.
Alors que, si au contraire on avait une Amérique forte avec un Occident davantage décidé, on pourrait plus penser que les Arabes de Palestine seraient incités par une modération dont je ne vois pas l’intérêt du strict plan d’un Arabe irrédentiste aujourd’hui.
Et sous cette double vision des choses je suis assez désespéré de ne pas trouver finalement en face d’un Israélien qui ne serait pas affolé d’avoir à côté de lui un Etat de Palestine pour lequel il ne voit pas une grande légitimité historique et politique, mais qui s’y résoudrait comme s’y résolvent 90% des Israéliens pour autant qu’ils soient sûrs que le règlement serait définitif et n’accoucherait pas d’une promesse de conflit futur, mais on ne trouve pas en face l’équivalence.
Vous avez en face soit un Hamas islamiste, soit une autorité palestinienne un peu plus laïque. Mais quand on regarde réellement les déclarations des responsables de l’autorité palestinienne du Fatah, malheureusement, je vous dis sans aucun plaisir, il n’y a pas une immense différence !
Commentaire. On sait qu’il n’y a pas que la Suède qui veut reconnaître la Palestine mais également l’Ossétie du Sud. Le PS français est en train de considérer un texte portant sur la reconnaissance de l’Etat de Palestine à déposer à l’Assemblée Nationale. Cependant son vote sollicité par Elisabeth Guigou n’équivaudrait pas à la reconnaissance officielle de la Palestine par la France. Comme toujours la France s’esquive et elle a raison, car compte tenu de l’état d’esprit religieux de la région proche-orientale, la souveraineté étatique pourrait facilement entraîner un bain de sang avec des accrochages qui s’ensuivraient à la frontière. C’est que pour les islamistes l’existence même d’Israël est aussi illégale qu’impie. Et la présence au Proche-Orient du soi-disant « Etat Islamique » n’arrange rien. Aussi faudrait-il peut-être commencer par la grande lessive des extrémistes avant d’aborder le thème d’un remodelage territorial.