Formellement, comme il est souligné, l'opération « Triton » ne succède pas à la mission italienne « Mare nostrum ». Cette dernière était qualifiée de mission d’urgence puisque la décision de son déploiement avait été prise après la tragédie près de la côte italienne de Lampedusa en octobre 2013. Comme on le sait, à la suite d’un naufrage, 366 réfugiés africains s’y étaient alors noyés.
L'Italie qui, à propos, assure la présidence de l’UE au cours du deuxième semestre de 2014, insiste sur la révision des règles existantes de l'accueil des réfugiés. Et pour les pays de l'Union européenne, c’est une des questions les plus douloureuses. Certains pays, en premier lieu l'Allemagne qui porte le fardeau le plus lourd lié avec l'affluence grandissant des immigrés illégaux, se prononcent contre les privilèges unilatéraux de l'Italie.
Quelle contribution dans la solution du problème du transit méditerranéen illégal « Triton » a-t-il l'intention d'apporter ? Ses appétits financiers sont modestes – 2,9 millions d'euros par mois, fournis par le trésor public européen. A sa disposition, il y a cinq bateaux dont deux circuleront le long de la côte italienne, et trois effectueront la surveillance en haute mer. Il est prévu de fournir un soutien aérien aux participants de l'opération : deux avions et un hélicoptère.
Il est noté que la recherche des embarcations avec les réfugiés et leur sauvetage n'entrent pas officiellement dans la liste des tâches prioritaires de « Triton ». Et le rayon de son action est beaucoup plus petit par comparaison avec la mission « Mare nostrum ». D’après l'avis du commentateur du Portail Internet autrichien EU-Infothek Andreas Unterberger, les discussions, par exemple sur la distribution juste de quotas d'accueil des réfugiés, reflètent plutôt les symptômes du problème que les pistes pour le solutionner. Il trouve que l’axe le plus important, c’est l'assistance aux pays en voie de développement dans la création sur leur propre territoire de conditions pour que les gens ne soient pas tentés d’aller chercher un meilleur sort en Europe. Quoi qu'il en soit, le problème de la contrebande de « la marchandise vivante » et le sauvetage des réfugiés doit être résolu au niveau européen, croit le chef du secteur des problèmes de l'intégration européenne de l'Institut de l'Europe Olga Potemkina.
« Pour l'Union Européenne se pose le grand problème de la résistance à la traite des êtres humains, dit Potemkina. Au fond, c’est la même traite des esclaves, comme au XVIIe siècle, qui prospère. L’accent du cours de la politique migratoire se déplace vers le renforcement de la composante supranationale. Il est clair que la frontière est commune et que ce n’est pas à certains Etats membres de la protéger, mais à l'Union Européenne dans son ensemble. »
Selon la mythologie grecque, « Triton » est le fils du seigneur des mers Poséidon, ayant des traits d’un homme, d’un cheval et d’un dauphin, et régnant sur le monde maritime. Quels traits de ce personnage mythique seront-ils reflétés dans l'activité de son homonyme moderne ? Ceux qui se trouveront sous sa protection pourront en juger. /N