La chute du Mur, première révolution de couleur en Europe

S'abonner
Le 9 novembre 1989, le gouvernement d'Allemagne de l'Est levait l'interdiction faite à ses citoyens de passer à l'Ouest: cet événement assez récent est déjà entouré de nombreux mythes, écrit vendredi 7 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le 9 novembre 1989, le gouvernement d'Allemagne de l'Est levait l'interdiction faite à ses citoyens de passer à l'Ouest: cet événement assez récent est déjà entouré de nombreux mythes, écrit vendredi 7 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Il y a un quart de siècle, après que la RDA a disparu de la carte politique d'Europe, le rabaissement de tout ce qui lui était associé est resté la doctrine d’État de l'Allemagne unifiée. Selon l'interprétation officielle des faits qui se sont déroulés cette nuit-là sur la ligne de démarcation de Berlin, la vague de révolution populaire en RDA a renversé le mur qui séparait les parties Est et Ouest de la ville depuis 28 ans. La Journée de la chute du mur de Berlin est célébrée chaque année le 9 novembre.

Avant cette date, la démolition du Mur ne faisait pas partie des slogans des manifestations de masse qui se déroulaient en RDA, appelant à démocratiser la vie politique de la république. Nul ne parlait à l'époque d'une révolution dans cette partie de l'Allemagne, ni de la liquidation de la république, ni de l'abandon du modèle de développement socialiste. La première révolution de couleur a commencé en Europe après l'ouverture du Mur, quand les propagateurs de l'idée d'unification allemande ont afflué d'Occident en RDA. Quant à la démolition physique de cette frontière: elle était encore debout après le 9 novembre. Le démantèlement a commencé bien plus tard et ne s'est achevé qu'en 1991, c'est-à-dire après la disparition de la RDA.

En réalité, un malentendu administratif aux sérieuses conséquences a eu lieu le 9 novembre. Ce jour-là, le gouvernement de la RDA a délibérément décidé d'accorder à ses citoyens un droit illimité de quitter la république aussi bien temporairement que pour s'installer ailleurs à long terme en suivant la procédure d'autorisation au commissariat le plus proche. Cette décision ne faisait aucune distinction entre la frontière RDA-RFA et la ligne de démarcation sectorielle de Berlin. Il s'agissait d'une grave erreur car leur statut international était complètement différent. Seconde erreur des auteurs de la décision – l'absence de préavis et son entrée en vigueur dès le lendemain, le 10 novembre. Pour cette simple raison, les complications étaient inévitables.

Elles ont commencé par l'annonce prématurée de nouvelles normes pour quitter la RDA, et ce dans une conférence de presse retransmise à la télévision consacrée à un tout autre événement. A la question des journalistes de savoir quand le décret entrerait en vigueur, la réponse a été catégorique mais pas précise: "Immédiatement!". A cause d'un cafouillage médiatique impardonnable, les garde-frontières de la RDA assurant la sécurité sur la ligne de démarcation sectorielle n'ont pas obtenu les informations sur les changements adoptés. Les garde-frontières continuaient à suivre les anciennes directives – ne laisser personne sortir. Des foules se sont rassemblées devant les postes de contrôle, qui insistaient sur l'application du décret gouvernemental, et ont failli être dispersées par la force. En fin de compte, les postes de contrôle, l'un après l'autre, ont complètement cessé de contrôler le franchissement de la ligne de démarcation, qui a comme cessé d'exister pendant quelques jours et quelques nuits. Ensuite le contrôle a été rétabli, mais la mise en application de la décision des autorités de la république sur la simplification des conditions d'entrée et de sortie a été tout de même dénommée "chute du mur de Berlin".

Aucun référendum sur la réunification de l'Allemagne n'a été organisé.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала