La Voix de la Russie. Que pensez-vous, Monsieur le Sénateur, des temps que l’on est en train de vivre ? Le monde va-t-il vers l’Apocalypse ? Henri Hude, éminent philosophe français, préconise le rôle que les chrétiens sont appelés à jouer dans la renaissance de la France… Qu’en pensez-vous ? Marine Le Pen peut-elle représenter les catholiques français sur la scène politique ?
Sénateur Bernard Seillier. Je pense qu’elle ne peut pas revendiquer ce rôle. Elle ne le fait pas elle-même d’ailleurs ! Parce que ce serait très prétentieux pour quiconque de se prétendre représentant d’une religion, de la religion catholique, en particulier, en France. Moi-même j’espère être fidèle dans cette religion, dans cette foi, mais je ne me présenterais pas comme LE représentant ou même UN représentant ! Bien que j’aie présidé le groupe de spiritualité du Parlement pendant de nombreuses années rassemblant des chrétiens mais aussi d’autres religions de l’Assemblée Nationale comme du Sénat. Alors je ne crois pas que l’on puisse dire qu’elle la représentante de l’Eglise Catholique ou du monde catholique.
LVDLR. Mais est-ce qu’il existe un moyen de structurer le mouvement des gens se réclamant du grand passé catholique du pays en parlant de tous ceux qui ont forgé la France ?
Sénateur Bernard Seillier. Je ne pense que ce soit là le problème exactement. Le problème aujourd’hui est celui de l’expression purifiée de la foi chrétienne. Car les difficultés que nous connaissons avec l’islam sont dus au fait que face au libéralisme politique et individualiste qui pensait à évacuer le problème religieux en appliquant le principe de laïcité, nous nous sommes retrouvés dans une société dépressive et malade qui conduit ses enfants à des suicides et au désespoir.
D’autre part, la forme religieuse la plus traditionnelle et classique que nous connaissons qui est une forme de vie religieuse et vie chrétienne vertueuse doit être révélée face à l’islam comme un fondement de la foi chrétienne.
C’est pour cela que nous en sommes là dans une situation très difficile à laquelle je réfléchis personnellement : le christianisme a révélé ce qui doit être réalisé – cette articulation subtile entre l’ordre temporel politique et l’ordre surnaturel. Et cela ne se fait pas par des systèmes et des techniques purement humaines, politiques et philosophiques, rationnelles… Cela se fait par la vie de foi ! Vous vous souvenez : « Dieu se fit homme pour que l’homme puisse devenir Dieu ! » Les Pères de l’Eglise l’ont affirmé très clairement depuis longtemps. Et c’est ce passage et une vie selon ce principe et on ne peut se contenter d’orthodoxie au sens de la doctrine, mais on a besoin de l’orthopraxie qui, elle, n’est pas simplement un comportement humain. C’est un comportement humain inspiré par la Grâce Divine ! Et cette articulation-là, nous l’avions perdue depuis les premiers chrétiens. »
Commentaire. Henri Hude, philosophe français religieux et engagé au sens positif du terme, a écrit dans son blog : Les gens s’imaginent qu’ils sont moraux à partir du moment où ils respectent presque inconditionnellement la liberté individuelle. Cette bonne conscience est une fausse conscience, parfois une hypocrisie. Il n’y a pas de justice sans une action forte de limitation ou de suppression des abus. C’est donc une injustice que de ne pas oser exercer l’autorité, de laisser faire et de tout lâcher, dans un oubli presque complet du bien commun, comme si l’utilité commune était seulement une somme de droits individuels autoproclamés par des égoïstes, des irresponsables et des transgressifs. Autrement dit, si vous avez la force d’affirmer vos idées, faites-le, car les martyrs forcent les portes de l’histoire. Les musulmans l’ont bien compris et les fous de Dieu brûlent comme des bougies à la gloire d’Allah ! Les Serbes l’ont également mis en pratique au nom du Pacte qui unit Dieu et homme et qui l’appelle à l’affirmation légitime de ses idées comme l’ont fait les Vendéens face aux colonnes infernales de la Révolution. Tant que les Français en feront abstraction, ils seront condamnés à disparaître, car ils ont à cohabiter avec l’islam, une religion forte et en pleine expansion.
Comme disait Charles Pasqua, on ne meurt pas pour quelque chose d’abstrait mais pour sa foi, son drapeau et ses valeurs. Alors la France doit bien les reprendre en mains ou en adopter d’autres venues de l’autre côté de la Méditerranée. Sans valeurs spirituelles – chrétiennes ou musulmanes – une société ne saurait survivre parce que la nature déteste le vide et les Soviétiques en firent la triste expérience.
La croisade de l’Occident contre le Sud-Est ukrainien (et il s’agit bien de l’Occident et pas de Kiev) répète tant soit peu les guerres napoléoniennes et la grande Drang nach Osten d’Adolphe Hitler : d’un côté, le désir de gain, l’expansion économique et la conquête territoriale… De l’autre, la défense de la terre des ancêtres et de la foi chrétienne, de la langue, des familles et de la culture. Il est bien dommage que la France se retrouve du mauvais côté de la barricade !