Les bilans officiels des élections à la Rada suprême ukrainienne ne sont pas encore annoncés. Cependant, tous sont assurés qu’il ne faut pas s'attendre à quelques changements de la répartition des forces déclarée.
La tâche principale de tous les partis qui ont passé à la Rada est de former le plus vite possible une coalition (sinon, le parlement devra être dissous de nouveau). De sorte que les protagonistes de la course aux mandats de député se sont mis au travail, même sans attendre les bilans préalables. Porochenko et Iatseniouk ont échangé de déclarations sur leur volonté de coopérer. Mais il y a peu de chances que cette coopération soit très efficace, marque le chargé de cours de la chaire de la théorie politique de l’université russe MGuIMO Kirill Koktych.
Cette coalition, le plus probablement, ne permettra pas de former une majorité stable. Au fond, ce sera une union très contradictoire de deux forces. D'une part – c’est le Bloc de Piotr Porochenko que l’avenir de l'Ukraine intéresse. D’autre part, c’est le parti de la guerre qui, profitant de la situation d’urgence, a retiré du budget ukrainien 3 milliards de dollars pour les hostilités dans le sud-est du pays.
Probablement, pour stabiliser quelque peu la coalition naissante, Porochenko et Iatseniouk devront faire appel à « la troisième force ». Le parti Batkivchtchina peut devenir un tel balancier, trouve l'expert de l'Institut de la stratégie nationale Joury Solozobov.
Il y aura donc une sorte de mariage d’intérêt entre le Front populaire et le Bloc de Piotr Porochenko avec la médiation de la troisième force. Le parti Batkivchtchina de Ioulia Timochenko - très faible et ayant à peine franchi la barrière, ayant perdu tous les dividendes politiques, peut néanmoins devenir cette troisième force.
L'accord d'association entre l'Ukraine et l’UE deviendra une base idéologique pour la formation de la nouvelle coalition. Simplement parce qu’on ne peut déjà pas attirer les Ukrainiens par quelque chose d’autre. Et "l'Europe" reste toujours ce mot magique qui agit sur les gens, disent les experts ukrainiens. Bien que la plupart d’Ukrainiens commencent déjà à douter de la réalisation de ce rêve européen.
Le président Porochenko a déclaré avoir déjà préparé un projet de l'accord de coalition. Il invite tous ceux qui ont franchi la barrière de 5 pour-cent à s’y joindre, sauf le Bloc d'opposition. C'est le seul parti présentant dans la nouvelle Rada l'opinion alternative. Le politologue Grigory Dobromelov dit :
Le Bloc d'opposition avait encore un allié sur ce flanc – c’est L’Ukraine Forte de Tiguipko. La défaite de Tiguipko - c’est, bien sûr, la défaite de Kolomoïsky. Au fond, les deux forces que Kolomoïsky soutenait – Batkivchtchina et L’Ukraine Forte, ont recueilli très peu de voix. Et aujourd'hui, l’unique bonne nouvelle pour Porochenko – c’est qu'il n’est pas le seul à avoir perdu aux élections, car Kolomoïsky y a perdu, lui aussi.
La Rada suprême est formée selon le principe proportionnel – c'est-à-dire, la moitié de sièges appartiendra aux députés élus dans les circonscriptions majoritaires. D’après l'avis du politologue ukrainien Joury Gorodnenko, Porochenko espère former l'ossature de la future coalition avec leurs représentants et ceux de son propre bloc. Il est clair que la participation de ces députés à la coalition durera tant que Porochenko aura des moyens pour rémunérer leurs voix. Mais le pouvoir n’a pas beaucoup de possibilités de satisfaire les appétits de la plupart des députés. Et vu les désaccords qui apparaitront très vite entre les leaders – Porochenko et Iatseniouk – les experts n’osent pas souhaiter à la coalition une longue vie.
