Il est à noter qu'auparavant, les États-Unis avaient utilisé l'aérodrome de Harir pour leur intervention en Irak en 2003 et pour le renversement du régime de Saddam Hussein. L'aéroport militaire de Harir a été construit à la fin des années 1970 et il a été utilisé par l'aviation irakienne pendant la guerre irano-irakienne.
Et voici que maintenant, les Forces aériennes américaines pourraient se retrouver de nouveau à Harir. « Les autorités municipales de Harir ont prescrit aux marchands et aux propriétaires des compagnies qui ont leurs activités dans le vieil aéroport militaire de Harir d’arrêter en une semaine leurs affaires et de quitter le territoire de l'aérodrome », a communiqué à l'agence irakienne Bus news une source militaire à Erbil. La source a confirmé que les militaires américains avaient l'intention d'utiliser Harir comme une base militaire car il est bien situé et donne la possibilité de suivre à partir de cet endroit les déplacements des extrémistes de l'État Islamique en Irak et en Syrie.
Pour qui la base américaine militaire située en proximité directe de la frontière avec l'Iran constitue-t-elle une menace : pour les extrémistes de l’EI ou pour la République Islamique ?
Le commentateur politique du canal anglophone iranien Press TV Hasan Behechtipour essaie de trouver une réponse à cette question:
« La lutte contre l’EI est un prétexte excellent des États-Unis pour essayer de regagner les positions militaro-politiques perdues au Proche-Orient. Et la création de la base à Harir peut être considérée dans ce sens comme une menace directe à l'Iran. Bientôt, nous saurons si elle fonctionnera provisoirement et sera utilisée exceptionnellement comme un centre de coordination des efforts pour la lutte contre l’EI ou si, à l'exemple des bases américaines en Afghanistan, elle deviendra permanente. Je penche pour la deuxième variante du développement des événements et j’affirme que les Américains, grâce à la base de Harir, n'oublieront pas la possibilité d'élargir leur influence au Proche-Orient.
Dans l’absolu, je pense que la guerre contre l’EI, au sens propre du terme, est condamnée à l’échec. Ceux qui ont déclaré la guerre aux terroristes de « l'État Islamique », devraient leur couper les canaux d'aide économique et militaire, porter des frappes sur leur efficace propagande. Seulement ainsi, on peut déraciner l'idéologie destructive de l’Etat Islamique, semblable à une tumeur cancéreuse dans l'organisme de la région, et apporter le chaos dans les rangs des terroristes, les privant pour toujours de leur unité. »
Mais les Américains, en créant une base militaire dans le monde islamique, mettent de nouveau en cause l'efficacité de la politique au Proche-Orient.
Chose curieuse : l’information sur la reconstitution de la base militaire américaine à Harir est apparue au lendemain de la visite du Premier ministre de l'Irak Haider al-Ibadi en Iran. Parmi différentes questions, on y a examiné les voies de l'opposition commune à « l'État Islamique ».
Voici l'opinion de ce sujet l'expert irakien, le chef du centre analytique, Мadarik, le Dr Mouzhir al-Saadi :
« L'Irak, dans sa position actuelle, qui mène une guerre sur son territoire, a besoin d’un soutien politique de la communauté internationale. C'est pourquoi, aujourd'hui, nous sommes les témoins de changements clairs et courageux dans notre politique. La visite en Iran jette une base pour le règlement des relations bilatérales. Ce n'est pas un secret que l'Iran est un important joueur sur l’échiquier irakien. Et nous examinons les liens entre l'Irak et l'Iran exceptionnellement du point de vue de leur utilisation pour le bien du règlement de la situation actuelle en Irak. »
Mais ce pas en avant des partenaires américains de Bagdad ne repoussera-t-il pas les partenaires iraniens ? /N