Ces photos ont près de 100 ans. Elles ont été faites dans les années 20 du siècle dernier, dans différents coins de Crimée, et c’est ce qui les rend aussi précieuses.
Une partie des photos a été faite par Hussein Bodaninsky. Diplômé de l'école d'art à Moscou, il présidait le musée de Bakhtchisaraï en 1917, année où la révolution d’octobre a eu lieu en Russie. Ilia Zaitsev, le vice-directeur du musée-réserve de Bakhtchisaraï, dit :
« Bodaninsky était, comme nous le dirions maintenant, un historien d'art. Pour lui, l'étude des monuments architecturaux était une affaire très importante. Les photos étaient faites en vue de l'étude ultérieure de tous ces monuments. Dans son journal des années 20, il y a beaucoup d’esquisses de mosquées, de décors de maisons d'habitation. La valeur de ces dessins consiste, entre autres, en ce que les monuments sont représentés dans leur aspect initial – après, ils ont souffert à la suite de deux tremblements de terre en Crimée en 1927. »
La partie de Bakhtchisaraï de l'exposition actuelle à Moscou a survécu, on peut le dire, par miracle. Pendant les années de la Seconde Guerre mondiale, en Crimée, il y avait des combats acharnés de l'Armée Soviétique contre les occupants allemands. L'Allemagne fasciste rêvait de transformer la Crimée, après la victoire sur l'Union Soviétique, en une grande station balnéaire allemande. Et Hitler déclarait directement – « Il faut peupler la péninsule des représentants de la race germanique ». Ilia Zaitsev dit :
« Tout de suite après l’occupation de la Crimée par les troupes allemandes en 1941, ont été formés des groupes spéciaux qui s'occupaient de la description du patrimoine culturel sur les territoires occupés, dit le vice-directeur du musée-réserve. Une partie de cet héritage a été emportée de Crimée. L'art islamique intéressait moins les fascistes, mais ils ont quand même remarqué les archives photographiques du musée de Bakhtchisaraï. Dans les archives de Rosenberg, l'un des idéologues du nazisme, on a trouvé après la guerre les listes des photos appartenant au musée de Bakhtchisaraï. Cela signifie que les occupants allemands comprenaient la valeur de ces documents photographiques. Probablement, on préparait les photos pour l'exportation. Mais heureusement, on n'a pas eu le temps de les emporter. Autrement, l'exposition actuelle +Les Mosquées de la Crimée sur des vieilles photos+ n’aurait pas eu lieu. »
L'exposition actuelle est consacrée à une grande date – le 700e anniversaire de la mosquée du khan Uzbek dans la Vieille Crimée.
Une conférence, également consacrée à cette date, a réuni les scientifiques et les représentants des musulmans de toute la Russie et des pays étrangers. Elle était intitulée « Les problèmes actuels de l'étude et de la préservation de l'héritage islamique de la Crimée » :
« Heureusement, ces photos n’ont pas été perdues : maintenant, elles sont pour nous non seulement une source pour l'étude de l'architecture, de l'aspect extérieur de ces mosquées, mais il est tout à fait possible que dans l’avenir, elles servent de repère pour la reconstruction de ces précieux bâtiments historiques, - dit Ilia Zaitsev. Bien sûr, la plus ancienne mosquée de Crimée a besoin d’être restaurée. »
Les vieilles photos aideront à reproduire l’aspect initial de l’ancienne mosquée. /N
