Deux jours plus tôt, un jeune extrémiste au volant de sa voiture avait délibérément fauché deux militaires. C’est sans précédent dans l’histoire moderne du pays de la feuille d’érable.
Les détails qu’on a appris par la suite avaient de quoi surprendre. Le radical n’était pas du tout un terroriste venu du Proche-Orient mais un certain Michael Joseph Bibeau qui était né, avait fait ses études et travaillé au Canada.
« L’Occident et le Canada plus particulièrement sont tellement habitués à donner des leçons aux autres qu’ils en ont oublié de veiller à la sécurité chez eux », estime Léonid Rechetnikov, directeur de l’Institut russe d’études stratégiques et général du service de renseignement extérieur à la retraite. Pour lui, la « cinquième colonne des islamistes » qui recrute ses partisans dans les pays occidentaux monte en puissance sur fond de radicalisation du monde et surtout du Proche-Orient.
L’abandon des principes universels de lutte contre le terrorisme et l’invention des méthodes particulières de lutte contre ce fléau au détour du Conseil de Sécurité de l’ONU, conduit, hélas, à des résultats déplorables plus d’une fois pointés par la Russie, a déclaré à Ottawa le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov :
« Si la Syrie souffre actuellement un enfer, c’est parce que, après avoir lancé ll y a 4 ans le mot d'ordre de destitution du président Assad, l’Occident ferme depuis les yeux sur le renforcement des positions des extrémistes dans ce pays et contribue par la même à une propagation fulgurante de la menace terroriste personnifiée l’EI qui avait déjà fait main basse sur de vastes territoires en Irak et en Syrie et les gouverne en fait selon la charia. »
La fusillade devant le parlement canadien n’est rien d’autre que le signal d’alarme donné aux États-Unis par les islamistes radicaux de l’EI, estime le président de l’Association internationale des anciens de l’unité anti-terreur « Alfa » Sergueï Gontcharov. « Je ne veux pas être pessimiste mais je pense que la tragédie d'Ottawa ne sera pas la dernière attaque terroriste aux États-Unis et au Canada ».
Il est impossible d’extirper définitivement le terrorisme dans le monde ouvert contemporain, estime le professeur de l’Université de Moscou Alexeï Fenenko. Il n’est possible de minimiser cette menace que par des efforts conjugués. La première chose à faire consiste à priver le terrorisme international de son financement via les banques occidentales.
« Le terrorisme contemporain est un phénomène transnational. Il a son siège dans le secteur bancaire et est alimenté par les flux de capitaux transnationaux. Il s’agit plus particulièrement des pétrodollars des pays du Golfe Persique depuis longtemps blanchis. Le terrorisme prospère également dans les pays occidentaux. Et puisque nous parlons du Canada, il y est vraiment à l’aise. »
Le ministre canadien de la défense a déclaré après l’attaque terroriste que le Canada continuerait à lutter contre l’EI envers et contre tout. Mais il n’a pas dit le principal, à savoir si Ottawa avait tiré les enseignements nécessaires. Les autorités ont-elles compris que le terrorisme islamiste se joue des frontières et que la lutte contre lui doit être menée par l’ensemble des pays sans aucune discrimination d’ordre idéologique et politique. T
