Gazprom ayant coupé le robinet à son voisin endetté, la rhétorique intransigeante du gouvernement fantoche de Porochenko a finalement cédé la place à une tonalité (à peine) plus conciliante en prévision des froids hivernaux. Le prix intermédiaire sur le millier de mètres cube récemment négocié et de vigueur jusqu’en mars est un compromis certes providentiel mais dans une perspective à ce point courtermiste que l’Ukraine n’a plus d’autre solution que de miser sur la miséricorde de l’UE, elle-même piégée par la surévaluation de l’euro et les dettes endémiques accumulées par les pays membres. Partant de ce constat, il faudrait se demander au nom de quoi est-ce que la zone euro, tiraillée entre austérité et planche à billet, irait s’occuper d’un pays à l’économie désastreuse disputé, de surcroît, entre oligarques et éléments radicaux hostiles à l’idée même d’Europe ?
Ayant débloqué 525 millions d’euros et immédiatement calculé les pertes que cela constituait pour son budget, l’Allemagne a « [appelé] les alliés de Kiev à l’aider à payer la dette gazière de la Russie », ce qui prouve que la chancelière n’est plus prête à faire les Mères Térésa toute seule. Seulement voilà : « les alliés de Kiev », de qui sont-ils véritablement les alliés ?
- Que le gouvernement de Kiev soit issu d’un putsch sanguinaire est un fait admis et digéré. Que ce même gouvernement ordonne à son armée de faire la guerre aux civiles dans le Donbass est un fait également accepté et présenté par les médias sous un jour parfois presque sympathique. Par contre, il est beaucoup plus difficile à admettre que Kiev se dise prêt à pomper le gaz russe transitant par son territoire en direction de l’Europe. Pis encore ! Il ne cache même pas son intention de le voler.
- Parallèlement, comment se faire à l’idée, ô combien détestable, que Kiev ne remboursera probablement jamais ses multiples emprunts dont 3 milliards provenant du budget de l’UE et n’étant donc rien d’autre que l’argent des contribuables ? Que dirait le cadre français ou allemand moyen s’il apprenait que ses contributions finiraient entre les mains d’un oligarque ukrainien ou d’un jeune militaire tirant aussi bien sur les insurgés que sur des civiles moins chanceux que leurs voisins ? Un cadeau en appelant souvent un autre, on sait déjà que 250 millions d’euros d’aide ne seront jamais remboursés. Cadeau ! Malgré la crise !
Et maintenant, quid des intentions réelles non pas tant des subventionneurs mais bien de ceux qui sont derrière ?
S’il est un seul gagnant dans cette tragique histoire, il s’agit bel et bien du FMI et des oligarchies US qui lui sont liées. N’oublions pas que l’aide du FMI (27 milliards !) dépendait de la reprise définitive du Donbass avant septembre. Cette condition expliquait l’acharnement avec lequel la junte pilonnait les villes et villages prétextant une série d’opérations anti-terroristes. Fin octobre, nous y sommes encore. Le Blitzkrieg du printemps vira en guerre d’usure.
Déçu, le FMI propose une contrepartie ruineuse pour le pays mais alléchante au plus haut point pour ses oligarchies. Il s’agirait cette fois d’un octroi prévu de 17 milliards de dollars à condition que les secteurs énergétique et sidérurgique ukrainien subissent une privatisation massive. S’y ajoutent la nécessité d’introduire un régime d’austérité encore plus drastique qu’il ne l’est déjà et une diminution encore plus sensible du salaire moyen des fonctionnaires. D’ici la fin de l’année, 164 entreprises seront vendues. Un chiffre déconcertant.
L’Ukraine avec ses oligarques et ses idiots utiles de radicaux se vend donc comme dans les années 90 la Russie de Eltsine devait se vendre. Non contente de financer un gouvernement fantoche radical, voici que l’Occident finance les intérêts énergétiques des oligarchies US en desservant brillamment les siens.