"Sans Poutine - pas de Russie aujourd'hui", a insisté hier le chef adjoint de l'administration présidentielle Viatcheslav Volodine, devant un parterre d'experts réunis pour la réunion du Club international Valdaï, écrit jeudi le quotidien Kommersant.
Le président de l'Institut international d'expertise politique, Evgueni Mintchenko, est du même avis dans son nouveau rapport qui analyse la répartition des forces dans l'entourage proche du président: selon lui, les Russes ne voient aucune alternative à Vladimir Poutine. Les politologues pensent de même et estiment qu'aucun nouveau visage n'apparaîtra avant la présidentielle de 2018, à moins d'une scission des élites.
La 11e réunion du Club international Valdaï est en cours à Sotchi, sur le thème "l'Ordre mondial: nouvelles règles ou jeu sans règles", différent des sessions antérieures. Depuis la création du club en 2004, les experts se réunissaient à Valdaï uniquement pour un "dialogue global sur la Russie" évoquant la politique nationale et étrangère du pays. Le thème principal d'hier était traditionnel: la politique nationale russe, dont le sens actuel a été expliqué aux membres du club par le chef adjoint de l'administration présidentielle Viatcheslav Volodine. Les experts cherchaient à comprendre pourquoi la "démocratie en Russie" était assez spécifique. Viatcheslav Volodine a expliqué aux experts que les répressions en Russie étaient une "illusion". Selon lui, le système politique du pays est ouvert: tous ceux qui le souhaitent entrent en politique pour se réaliser.
En affirmant le caractère démocratique et ouvert du système dans l'ensemble, M. Volodine a annoncé que 14 partis étaient représentés au sein des parlements régionaux.
Le politologue américain et président de l'Institut pour la sécurité mondiale de Washington, Nikolai Zlobin, a interrogé le chef adjoint de l'administration présidentielle sur l'impact des sanctions occidentales sur la situation intérieure en Russie. Viatcheslav Volodine a répondu en parlant d'une "profonde erreur" commise par ceux qui pensaient que les sanctions diviseraient le pays. Les Russes savent parfaitement qu'une attaque contre Poutine est une attaque contre la Russie, a déclaré Viatcheslav Volodine en appuyant sa thèse par les statistiques – 85% des Russes approuvent la politique de Poutine et 66% des habitants ne voient aucun autre candidat à la présidentielle en 2018 et souhaitent sa réélection.
Compte tenu de la montée en flèche de la popularité de Vladimir Poutine après la réunification de la Russie avec la Crimée, le thème de sa succession n'est plus d'actualité, a résumé Evgueni Mintchenko. Le président dispose aujourd'hui de toutes les ressources nécessaires pour tenir jusqu'à son nouveau mandat en 2018. Selon l'auteur du rapport, certains problèmes de popularité pourraient survenir en cas de conflit au sein des élites mais jusqu'à présent Poutine a prévenu tous les conflits éventuels en écartant les hommes avec beaucoup d'habilité.
Par exemple, l'ex-premier ministre (2000-2004) Mikhaïl Kassianov, coprésident du parti RPR-Parnas, "fait tranquillement de la politique" et l'ex-directeur du Service fédéral de contrôle des stupéfiants Viktor Tcherkessov est député du parti communiste, rappelle Evgueni Mintchenko.
"Aucun sociologue consciencieux ne fera de pronostics sur la popularité du président en 2018", a déclaré Leonti Byzov, Les sanctions occidentales n'ont fait que renforcer la cote du président, qui ne diminuera pas tant qu'il n'y aura pas d'alternative. D'après l'expert, "le Kremlin fait en sorte qu'une telle alternative n'apparaisse pas, même en dépit des problèmes économiques".