Kouzia est un des trois jeunes tigres relâchés en mai dernier dans la réserve de Jeloudinski de la région d'Amour. Les spécialistes chinois ont établi qu'au début d'octobre Kouzia avait traversé la frontière, on l'a vu plusieurs dois dans la réserve naturelle de la province de Heilongjiang. Les tigres se déplacent librement et aucune frontière n'existe pour eux. On connaît des cas où les animaux partis du territoire de Khabarovsk se retrouvaient près du réservoir de Zeïa dans la région d'Amour, soit à plus de 700 km au nord-ouest, note le directeur de la filiale d'Extrême-Orient du Fonds mondial pour la nature Iouri Darman :
« Les mâles cherchent toujours des territoires nouveaux pour s'implanter. En ce qui concerne Kouzia, ce tigre a été élevé en captivité et a été relâché dans la région d'Amour pour créer un groupe nouveau là où il n'y a pas de tigres. Il a décidé que le territoire en Chine était meilleur qu'en Russie. Quant au poulailler, malheureusement dans les forêts chinoises il y a très peu de nourriture ».
La forêt est bonne, mais il n'y reste presque plus d'animaux. D'autant plus qu'en Chine dans les monts Khingan les tigres ont disparu dès le début des années 1970. En Russie, au début des années 2000 la population des tigres de Sibérie en Extrême-Orient a diminué notablement. Des lois nouvelles adoptées grâce au soutien du président de Russie après le sommet mondial sur les tigres à Saint-Pétersbourg sont appelées à jouer un grand rôle pour préserver cette espèce. A présent la loi prévoit une punition non seulement pour le meurtre d'un tigre, mais aussi pour le commerce des dérivatifs, note Iouri Darman.
« Ces dernières années nous avons démantelé trois grandes filières, à présent nous nous occupons du démantèlement des autres. Les tigres ont été emportés en Chine, en premier lieu à des fins de la médecine. La préservation des zones d'habitat est un autre enjeu de taille. Cela tient aux coupes de forêts. En 2010, la coupe des cédraies a été totalement interdite, maintenant des mesures assez sérieuses ont été adoptées au niveau ministériel limitant les exportations du bois de chêne ».
Ces deux espèces assurent la base alimentaire pour les tigres. Les sangliers se nourrissent avec des glands de chêne et là où il y a les sangliers il y aura les tigres. Ces dernières années leur population en Extrême-Orient russe demeure stable. Une fois tous les 10 ans les tigres sont recensés et la dernière fois, en 2005, 450 animaux ont été enregistrés. C'est un bon indice pour le tigre. Notons à titre d'exemple qu'en Inde la population des tigres a diminué de deux tiers. Cependant, malgré la stabilité de la population, les braconniers continuent de représenter une menace sérieuse. Il y a deux ans, quand Kouzia a été trouvé il était absolument épuisé car sa mère avait été tuée par des braconniers. Il a été soigné et élevé en captivité dans un centre de réhabilitation du territoire de Primorié. Plus tard il a été relâché dans la région d'Amour en présence de Vladimir Poutine. Maintenant le tigre Kouzia a décidé de visiter la Chine. Mais pour un fauve si grand les poules ne sont pas la nourriture la plus convenable. Il est vrai que les autorités locales se proposaient de relâcher dans la taïga plusieurs bêtes à cornes. Mais il est peu probable que cela puisse résoudre le problème. Les experts trouvent qu'il serait mieux si Kouzia traverse l'Amour et rentre en Russie. Dans la réserve de Khingan il y a suffisamment de sangliers et de chèvres et Kouzia n'aurait pas de problèmes avec la nourriture.