Selon les estimations des experts militaires, les autorités chinoises n’ont par l’intention de se limiter à la piste d’atterrissage. Ainsi, des quais pour les navires militaires sont construits sur cette île, ainsi que d’autres équipements. Tout indique que la Chine pourrait transformer cette île, située en mer de Chine Méridionale, en une base navale et aérienne.
Les médias chinois ont déjà parlé des projets de construction d’une base militaire dans la zone des trois récifs Fiery Cross. Au cours de ces dernières années, les autorités chinoises menaient beaucoup de travaux avec les terres rapportées dans la zone des récifs, à 250 milles marins des côtes vietnamiennes, dans une région contestée par le Vietnam. Cette nouvelle île artificielle devrait faire le double en superficie de la base militaire qui se trouve sur l’atoll de Diego Garcia dans l'océan Indien. Un aérodrome militaire chinois devrait y être consruit à l’avenir. La réalisation de ce projet permettra à la RPC de déployer une zone d’identification de défense aérienne en mer de Chine Méridionale. Pékin a déjà annoncé la création d’une telle zone dans l’espace aérien au-dessus de la mer de Chine Orientale en novembre de l’année dernière.
La RPC insiste de plus en plus sur ses « intérêts stratégiques » dans cette zone contestée. Les dirigeants chinois ont déclaré officiellement l’idée de transformer le pays en une véritable puissance marine. Et le renforcement de la présence militaire chinoise en mer de Chine Méridionale, par laquelle passent d’importants axes maritimes, correspond tout à fait à ce concept. Toutefois les actions de la Chine suscitent souvent des protestations de la part des puissances régionales, et en premier lieu de la part de Vietnam. L’aggravation du différend entre Pékin et Hanoï menace sérieusement la stabilité régionale. Et la question qui se pose, c’est de savoir jusqu’où les pays sont capables d’aller dans cet affrontement.
« Je ne vois aucun signe du fait que la situation autour des îles Paracels pourrait prendre la forme d’un conflit armé », analyse la situation le professeur russe Dmitri Evstafiev. « Aujourd’hui la Chine ne peut pas se permettre de s’impliquer simultanément dans deux crises, liées à des différends territoriaux. Il s’agit d’un conflit en mer de Chine Méridionale et du différend avec le Japon sur les îles Diaoyu. Et il faut notamment prendre en compte le fait que les Etats-Unis puissent prendre parti pour les pays qui s’opposent à la Chine ».
Selon l'expert, les deux différends seront vraisemblablement maintenus dans un état de conflits gelés. Il est beaucoup plus probable que la Chine montre périodiquement sa présence économique dans les eaux contestées, notamment sous forme d’une plate-forme pétrolière. Elle a été installée entre mai et juillet par la Chine non loin des îles Xisha. Il est important de ne pas laisser le conflit dégénérer et prendre une tournure d’un conflit militaire.
Par la publication de photographies montrant la piste de décollage et d’atterrissage, la Chine a apparemment voulu montrer la possibilité d’un tel scénario. En outre, les observateurs ont noté que la nouvelle sur la construction de cette piste a paru sur le site de l'agence d’informationXinhua et d'autres sites d'information chinois immédiatement après l'annonce de la levée partielle de l'embargo sur les armes américaines pour le Vietnam.
La Russie n’est pas partie prenante dans ce différend en mer de Chine Méridionale, et elle ne se range sur aucun des deux côtés du conflit. Comme l'a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Igor Morgoulov, Moscou considère contreproductives les tentatives d’ingérence des pays tiers dans pour résoudre un conflit territorial dans cette région importante pour les deux pays.