Apprendre l’éternité !

Apprendre l’éternité !
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Les Français se plaisent beaucoup à délibérer des mystères de l’âme russe baptisée dans l’occident « âme slave ».

Cette âme serait à la fois mystique, imperceptible, oisive, remplie de béatitude ou autres… Cochez ce qui vous convient et rayez les notions inutiles ! Si j’avais à répondre à ce genre de concept qui éloigne l’optique russe de la vision cartésienne à l’Ouest du continent, je le traiterais de la soif ou autrement dit de la quête de l’Eternité. Cette aspiration vers l’infini en direction de laquelle s’évertue le subconscient collectif slave. Et croyez-moi, il ne s’agit pas de quelque chose d’imagé mais d’une notion tellement présente à travers la vie de tous les jours qu’elle s’infiltre en votre for intérieur avec l’air moscovite que vous respirez. Cette dimension spirituelle est tellement contagieuse que les Français qui ont côtoyé le monde russe ont du mal à se remettre sur la même longueur d’onde avec la nation gauloise. Il est intéressant à noter que ce phénomène n’est pas forcément russe. Il ne fait que refléter certaines valeurs patriarcales restées immuables dans cette partie de l’Europe : amour de la Patrie, esprit de famille, abnégation, crainte de Dieu, etc. Je ne vous serine pas les quatre vérités en grenouille du bénitier mais vous parle du lot quotidien des gens pourtant sortis de la période soviétique de leur histoire martyrisée. A ne citer que le bataillon de Pskov qui se sacrifia au grand complet pour faire barrage à quelques milliers de terroristes wahhabites désireux de gagner la grande plaine russe en passant par le col gardé par le bataillon en question. La moyenne d’âge des soldats était entre 19 et 21 ans. Leurs aïeux péris pendant la Seconde Guerre Mondiale ont dû les accueillir dans l’au-delà à bras ouverts. Je peux également vous narrer l’histoire d’un simple gars issu d’une famille de fermiers russes d’une province profonde et enrôlé en conscrit pour faire son service militaire dans le Caucase. Capturé par les bandits qui voulaient le convertir de force en ce qu’ils croyaient être l’islam arrangé à leur goût (on sait que l’islam classique interdit toute conversion forcée), il refusa net, n’enleva pas sa petite croix et en eut la tête immédiatement tranchée. Il n’avait que 19 ans. Aujourd’hui vous pouvez prier devant son icône dans de nombreuses églises russes.

Je vous parle des temps modernes et des gens qui vivent à la même époque que les diables de la trempe d’un Jack Lang ou autres BHV !

Vous comprenez que cette philosophie russe était pareille à celle d’une Jeanne d’Arc et de ses compagnons. Mais très souvent cette spiritualité ne prend pas son essor sur les champs de gloire mais même à travers le triste quotidien, le train-train de tous les jours propre à la vie de n’importe quelle capitale. Le clergé est, bien sûr, au cœur même de cette vie communautaire et paroissiale répondant fidèlement à l’esprit orthodoxe de la Sainte-Russie.

Parmi les petits saints peu connus par les touristes étrangers et même les spécialistes de culture russe, l’image d’Alexeï Metchev nous sourit timidement des pages jaunies des archives moscovites du début vingtième. Ce prêtre béatifié a passé de nombreuses années dans une paroisse de la rue de Marosseïka faisant office et disant sa messe devant une église vide. Le bâtiment était aussi vermoulu que le presbytère qui le jouxtait. Personne ne venait se confessait les paroissiens préférant d’autres églises du quartier beaucoup plus nanties et jouissant des bonnes grâces des nobles et de la bourgeoisie habitant le coin. Et c’est en vain que le bon Père Alexeï faisait sonner ses cloches à la volée pour inviter ses ouailles. Rien n’y fit. Personne ne voulait lui rendre visite/ Quand finalement son épouse décéda d’une méchante pneumonie qui l’emporta en 1902, le prêtre faillit y passer lui aussi mais fut soulagé par un autre Saint de l’Eglise orthodoxe, déjà très connu à l’époque, Jean de Kronstadt. Celui-ci dit à son confrère que la voie de salut était du côté de partage des peines du peuple. Il l’appela à aller chercher sa paroisse en l’invitant à l’église. Remis de sa douleur profonde Alexeï Metchev se mit en quête de l’auditoire. Il visitait les pauvres et les malades. Il essayait de partager leurs misères avec eux. Et finalement la petite église de Marosseïka se remplit à craquer. Le jour de son décès survenu en 1923 la procession était telle que même les Bolchéviks qui avaient déjà la haute main sur toute la ville de Moscou, n’osèrent pas s’y opposer.

L’histoire de ce bon curé béatifié dans les années 90 est à l’unisson de ce que fut jadis l’esprit de la vraie France catholique avec son sentiment de partage, son honneur et ses valeurs de terroir transmises au niveau épidermique des traditions et des fêtes religieuses ou civiles.

Pour que la bonne terre de France puisse faire face à la culture d’autrui que ce soit l’islam, le bouddhisme ou encore le protestantisme, il faut qu’elle retrouve le chemin de sa propre foi ! Il faut que la France regagne ses temples et fasse pénitence de ses sombres années de démence sociétale ! Tant que cela ne se produira pas, elle ne verra pas la naissance des soldats-saints ou des prêtres prêts à se sacrifier de façon anonyme pour les autres.

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