Les études réalisées par le ministère ukrainien de l’économie ont révélé que la rupture des liens avec la Russie et les autres membres de la communauté coûterait à l’Ukraine au moins 100 milliards de dollars.
Si j’ai bonne mémoire, c’est en mars que Kiev non seulement promettait de se retirer de la CEI mais avait en plus l’intention d’introduire le régime des visas avec la Russie. « Adieu CEI ! » était le slogan qu’on entendait à tout bout de champ à Kiev au cœur de la rhétorique antirusse.
Le bon sens l’a finalement emporté, s’appuyant sur des arguments de poids et notamment des statistiques. Porochenko a fait une belle démarche politique. En effet, personne n’a l’intention de rompre définitivement avec la Russie. Pourtant, soucieux de ménager la sensibilité des Ukrainiens à qui on bourre depuis 6 mois le crâne d’affabulations sur un « Moscou hostile », les politiques ont jugé plus prudent d’ajouter un « mais ».
Ils déclarent que l’Ukraine ne se retirera pas de la CEI qui compte en plus de la Russie beaucoup d’autres pays avec lesquels elle entend entretenir des relations de bon voisinage. Les autorités de Kiev sont évidemment en train de jouer au plus malin parce que la CEI est avant tout nécessaire à l’Ukraine comme une zone de libre-échange qui n’a rien à voir avec un cercle d’amis. Quel pays joue le rôle de premier violon dans la CEI ?
La réponse coule de source, c’est pourquoi les menaces de s’en retirer n’étaient qu’une pantalonnade électorale destinée à gagner des points politiques tout en restant sur la crête de la vague russophobe. Le bon sens suggère cependant aux politiques que la rupture entre l’Ukraine et la Russie et entre la Russie et l’Ukraine, est une mission impossible. Les visées impériales russes, expression à la mode à Kiev, n’ont rien à voir là-dedans. L’explication réside dans le passé commun. Les économies de nos deux pays sont tellement interdépendantes que la rupture serait une catastrophe du point de vue financier, surtout pour l’Ukraine. Pourquoi n’introduit-on pas le régime des visas pour les Russes? Forcément pas par amour pour les Russes, qu’on évite d’évoquer par peur de se retrouver dans une poubelle. Les politiques ont apparemment eu peur d’un troisième Maïdan parce que Moscou pourrait introduire les visas à son tour.
Dans ce cas les Ukrainiens qui travaillent en Russie ne pourraient pas circuler aussi librement qu’avant. Et comme Kiev ne peut leur proposer aucune alternative dans le contexte d’une brusque montée du chômage, trois millions d’Ukrainiens ayant perdu leur travail en Russie, et par conséquent les moyens de subsistance, seraient plus redoutables que les radicaux de la rue de la Banque. /N