On sait déjà que la situation politique intérieure en Ukraine s’aggrave brusquement après les visites des fonctionnaires américains haut placés.
Nuland et Porochenko ont discuté des problèmes associés à la réalisation des accords de Minsk et aux relations entre Kiev et le Sud-Est. Les experts précisent que la discussion se déroulait dans un contexte assez particulier. En effet, Nuland a déclaré à l’issue des négociations qu’il était nécessaire de rétablir entièrement le contrôle de la frontière avec la Russie qui est l’élément-clé des progrès du règlement pacifique. On sait cependant qu’une partie de cette frontière se confond avec celle qui existe entre la Russie et les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Par conséquent, Nuland pousse en fait Porochenko à une nouvelle escalade militaire du conflit. En effet, il est peu probable que les miliciens du sud-est laissent l’armée ukrainienne rétablir le contrôle de la frontière.
Selon les experts, la réconciliation entre Porochenko et le premier ministre Arseni Iatseniouk était un autre but de la visite de Nuland. Elle voulait également les garanties que ce dernier conservera son poste du Premier ministre après les élections à la Rada. On a l’impression que Washington cherche surtout à créer au sein du parlement ukrainien une coalition puissante qui lui obéirait au doigt et à l’œil.
Et pendant ce temps, la campagne des législatives ressemble de plus en plus à un règlement de comptes entre criminels. Tous suivent les péripéties de l’assaut que se livrent deux politiques odieux, le leader du Parti radical Oleg Liachko et le gouverneur de la région de Dniepropetrovsk Igor Kolomoïski. Un nouvel enregistrement des propos d’oligarque qui demande à ses subordonnées de renforcer l’attaque média contre Liachko, circule dans le web. Pour toute réponse, Liachko s’est fondu en injures en menaçant même Kolomoïski d’avoir sa peau.
L’hystérie électorale en Ukraine préoccupe Moscou, dit le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov :
« Ce qui nous inquiète, c’est le fait qu’occupés qu’ils sont par les méthodes spécifiques de lutte électorale, les politiques ukrainiens ne font rien pour précéder enfin au dialogue national et à une réforme constitutionnelle globale. »
Les négociations sur le gaz prévues la semaine prochaine deviendront, semble-t-il, un indicateur du bon sens des autorités ukrainiennes. A en juger par les déclarations des fonctionnaires, on avait même réussi à amortir une partie de la dette contractée par l’Ukraine à la Russie. Rappelons que l’Ukraine doit rembourser 2 milliards de dollars avant la fin d’octobre et 1,1 milliard de plus avant la fin de l’année et ce n’est qu’après que Moscou pourra reprendre les livraisons de gaz. Si le problème n’est pas réglé immédiatement, l’Ukraine et l’Europe risquent de se retrouver sans gaz en période hivernale. Bogdan Bezpalko, directeur adjoint du Centre d’études ukrainiennes et biélorusses est d’ailleurs assez pessimiste au sujet de l’intention des autorités de Kiev de rembourser à la Russie la dette gazière :
« Cela dépasse mon entendement d’autant plus qu’aux dernières nouvelles les Ukrainiens n’ont rien viré à Gazprom à titre de remboursement de la dette. Il s’agit cependant d’une somme très importante et il faudra verser également des sommes très considérables pour le gaz russe par la suite. »
Or, au lieu de sauver le pays en pleine crise, les autorités ukrainiennes font le pitre et promettent d’offrir à chaque Ukrainien un quartier de lard qui n’en finit pas.