Le commandant de l’Armée de l’air indienne Arup Raha a indiqué samedi dernier lors d’une conférence de presse que cette situation présentait une menace pour la préparation au combat des forces aériennes du pays.
« La réalisation de tous les projets est en effet retardée », a-t-il reconnu. « Qu’il s’agisse de la création d’un chasseur léger, de l’achat des chasseurs polyvalents de moyenne portée, ou de l’élaboration en collaboration avec la Russie du chasseur de cinquième génération. Nous sommes très en retard sur le timing. Et cela nous préoccupe sérieusement ».
Le commandement de l’armée de l’air de l’Inde a un certain nombre de griefs par rapport au projet commun FGFA (avion de chasse de cinquième génération), liés aux exigences techniques et l’augmentation des coûts de conception. En même temps, la coordination des détails techniques a déjà été terminée.
Le premier prototype du projet russo-indien FGFA, créé à la base du chasseur russe de cinquième génération T-50, devait parvenir en Inde pour des vols d’essai au cours de l’année 2014. Mais les tests ont été reportés à 2016.
Selon les médias indiens, l’Etat-major du pays n’a aucun doute que le projet T-50 correspond aux demandes techniques d’un avion du futur. Le ministère indien des Affaires étrangères a confirmé que le contrat final sur le projet FGFA sera signé avant fin 2014. Le coût du projet a augmenté dans le document final jusqu’à 11 milliards de dollars, alors qu’à l’origine il représentait seulement un milliard. La Russie et l’Inde participent à parts égales à ce projet, chacun investissant donc 5,5 milliards de dollars, explique le journaliste de Nezavissimoïé voennoïé obozrenie (Révue militaire indépendante) Vladimir Chtcherbakov.
« Tout le monde savait que les coûts allaient augmenter », explique-t-il. « L'expérience de ce genre de programmes montre que cela est assez commun. Parfois les coûts augmentent vraiment en flèche. Les programmes américains d’élaboration d’avions militaires de cinquième génération en sont une bonne illustration ».
Profitant du « patinage » du projet FGFA, les représentants du lobby pro-américain en Inde se sont empressés de critiquer la participation de Dehli au projet russo-indien. Selon eux, la conception du chasseur américain F-35 Lighning II serait une bonne alternative au projet FGFA. Sauf que ce changement de priorités n’est pas à l’avantage de l’Inde.
« Si l'industrie et l'armée indienne veulent se réorienter sur un autre appareil, comme le F-35, cela portera un préjudice sensible au budget de l’Inde », poursuit Vladimir Chtcherbakov. « Le pays va perdre l’argent investi et devra débourser des sommes considérables pour le développement d’un nouveau projet. L’appareil américain coûtera par ailleurs beaucoup plus cher que le russe. Et puis l'industrie indienne ne possède pas l’expérience suffisante de coopération avec les constructeurs américains, à la différence du complexe militaro-industriel russe, avec lequel elle est liée avec des contrats. Le plus important, c’est que le F-35, c’est déjà un projet abouti et les Américains ne vont pas vouloir s’adapter aux exigences des Indiens et modifier les paramètres des l’appareil ».
Le ministère de la Défense a fait son choix définitif, en refusant de participer au projet de conception du F-35 Lightning II. « Des fonds considérables, des efforts et beaucoup de temps ont déjà été investis dans le projet russo-indien », explique aux journalistes le ministère indien de la Défense. « Et l’Inde ne peut pas tout simplement se permettre de participer simultanément, ni du point de vue financier, ni du point de vue logistique, à deux projets de conception d’un avion militaire à long terme ».