La porte-parole du département d'Etat américain a communiqué que le secrétaire d'Etat John Kerry en avait informé son homologue vietnamien Pham Binh Minh, également vice-premier ministre, en visite à Washington.
Cette mesure des Etats-Unis est devenue évidente dès le mois dernier alors que le chef d'état-major des armées des Etats-Unis Martin Dempsey se trouvait en visite au Vietnam. Cette visite a marqué une percée dans la coopération américano-vietnaminenne dans le domaine de la défense et de la sécurité.
Auparavant, les experts prévoyaient un scénario assez modéré. Ils estimaient que les parties iraient faire montre de rapprochement, procéder à un échange de délégations militaires, organiser des exercices de lutte contre la piraterie ou de sauvetage en mer. Pourtant la visite du général Dempsey qui s'était déroulée sur fond d'aggravation de la situation en mer de Chine méridionale a montré que Hanoï et Washington étaient disposés à aller plus loin. Les négociations ont porté non seulement sur les livraisons d'armes américaines modernes au Vietnam, mais aussi sur des programmes d'une coopération plus étroite entre les forces armées des deux pays.
En attendant, la levée de l'embargo est partielle et concerne des équipements de défense létaux mais uniquement à des fins de sécurité maritime. « Cette politique soutiendra les efforts du Vietnam visant à renforcer sa sécurité maritime », a déclaré la porte-parole du département d'Etat Jen Psaki. La partie américaine déclare que la décision a été prise compte tenu d'une amélioration au Vietnam dans le domaine des droits de l'homme. Washington a spécialement souligné que la décision n'était pas dirigée contre la Chine car il s'agissait uniquement des armes défensives.
Pourtant Pékin ne peut pas ne pas être préoccupé par la qualité de la coopération militaire vietnamo-américaine. Les activités de Washington en vue de mettre en place de nouvelles alliances militaires reflètent une rivalité violente entre les Etats-Unis et la Chine pour la domination globale et régionale, estime le président de l'Académie des problèmes géopolitiques Léonide Ivachov :
« Les Chinois déclarent officiellement qu'ils voudraient voir le monde multipolaire. Mais la Chine souhaite que l'Asie soit unipolaire, orientée sur la Chine et que l'ensemble de la région Asie-Pacifique soit placée sous sa tutelle. Les Américains voudraient que le monde soit unipolaire qu'ils domineraient par le biais de leur système financier et leur force militaire. En revanche, l'Asie doit être, selon eux, multipolaire. Pour qu'il y ait des Etats et des forces en mesure de diluer la puissance de la Chine et de faire face aux visées chinoises de se mettre à la tête de l'Asie et de la dominer ».
Selon l'expert, c'est la raison du renforcement des liens militaires entre les Etats-Unis et les pays de la région, le Vietnam compris. Le fait que le comportement de la Chine dans les litiges territoriaux est devenu plus offensif, est utilisé en tant que prétexte. L'ingérence des Etats-Unis dans ces conflits a ceci de dangereux que les pays de la région sont poussés de cette façon à la réalisation de nouveaux programmes militaires. Cela attise les tensions et augmente les risques d'un soudain éclatement d'un conflit. Pour faire face à la dissuasion américaine, la Chine se propose de développer sa flotte de porte-avions et de navires de surface, ainsi que l'aviation stratégique. Cela lui permettra de se sentir plus sûre sur fond de la « renaissance militaire » des Etats-Unis en Asie-Pacifique.