Les déclarations des représentants nord-coréens à l'Assemblée générale de l'Onu ont semé la surprise: les émissaires de Pyongyang ont en effet suggéré à Séoul de s'unir selon un principe de confédération, préservant l'existence de deux régimes étatiques dans un même pays, écrit lundi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
En outre, le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon s'est vu transmettre de la part de Kim Jong-un un message personnel dont le contenu n'a pas encore été dévoilé. Malgré des dispositions très pacifiques, l'ambassadeur nord-coréen à l'Onu a toutefois noté que son pays n'avait pas l'intention de négocier avec Washington ou Séoul.
La Corée du Nord était représentée par le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Su-yong — la première fois en quinze ans que Pyongyang envoyait un émissaire d'aussi haut rang aux États-Unis, provoquant immédiatement des spéculations au sujet d'éventuelles négociations secrètes entre la Corée du Nord et les USA. Les observateurs étrangers se sont particulièrement intéressés aux propos du ministre concernant l'éventualité de l'unification du Nord et du Sud. "La Corée du Nord insiste sur le fait qu'on ne doit pas parvenir à l'unification par le biais d'une confrontation entre divers systèmes politiques, mais grâce à une confédération qui impliquerait la coexistence de deux systèmes dans un même pays. C'est l'unique moyen de prévenir une guerre et de garantir la paix", a déclaré Ri Su-yong.
La Corée du Sud a immédiatement rappelé que Pyongyang évoquait cette "formule de confédération" depuis plusieurs décennies et, n'y voyant rien de nouveau, a donc accordé davantage d'attention à d'autres propos du chef de la diplomatie nord-coréenne – notamment ceux concernant la possibilité de régler le problème nucléaire nord-coréen. Le ministre Ri Su-yong a souligné que cette question se réglerait d'elle-même quand serait levée la "menace à la souveraineté et au droit d'existence de la Corée du Nord". Il a également noté que c'est précisément la pression et les menaces de Washington contre Pyongyang qui ont forcé la Corée du Nord à devenir une puissance nucléaire.
Après son intervention, le ministre nord-coréen a transmis au secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon une lettre personnelle du dirigeant de la Corée du Nord Kim Jong-un, qui a également provoqué spéculations et rumeurs. Le secrétariat de Ban Kim-moon a confirmé la réception de la lettre mais n'a fait aucun commentaire sur son contenu. De plus, Ri Su-yong a annoncé que Pyongyang était prêt à soulever la question des droits de l'homme en Corée du Nord.
Le ton relativement réconciliateur et constructif des déclarations de Pyongyang était toutefois accompagné par d'autres déclarations, plus dures. Les médias nord-coréens critiquent notamment depuis plusieurs jours le discours de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, la qualifiant de "pire de tous les traîtres possibles". Dans le même esprit, l'ambassadeur de la Corée du Nord à l'Onu Ja Sonf-nam a clairement fait comprendre qu'aucune négociation n'aurait lieu prochainement avec des représentants sud-coréens ou américains.
Selon les observateurs, cette apparition de Pyongyang à l'Onu s'inscrit dans une stratégie de "comportement d'un pays normal". La Corée du Nord veut montrer qu'elle est prête à dialoguer et à évoquer divers problèmes, mais uniquement quand elle ne subit aucune pression. Certains attribuent ce style aux particularités de la politique du jeune dirigeant Kim Jong-un. La télévision a montré des images de lui en train de boiter et les médias ont mentionné son mauvais état de santé, engendrant des rumeurs sur d'éventuels problèmes de ce point de vue. La presse sud-coréenne a indiqué pour sa part que le dirigeant nord-coréen avait pris du poids. Les rumeurs parlent de goutte, de diabète et d'hypertonie. Kim Jong-un n'est pas apparu publiquement depuis trois semaines, ce qui n'a fait qu'alimenter diverses spéculations sur les indispositions du dirigeant nord-coréen.