Les missiles Dunfeng-21 étaient conçus comme des vecteurs d’armes nucléaires. Les saoudiens ont acheté leur version plus récente, porteuse d’ogives conventionnelles. Mais Eshki n’en a pas moins souligné qu’ils pouvaient également être équipés d’ogives nucléaires.
Que le militaire saoudien ait fait cette déclaration n’a rien d’un hasard, estime le colonel-général en retraite Léonid Ivachov, président du Centre international d’analyse géopolitique :
« La situation dans la région est loin de se calmer et c’est pour cette raison que certains acteurs s’arment pour maintenir un certain équilibre. L’acquisition des missiles devient pour l’Arabie Saoudite une question de sécurité nationale. On sait que la Turquie a également pris une option sur cette arme. Et puisqu’il s’agit de missiles balistiques, cela nous fait penser en toute logique aux ogives nucléaires qu’ils pourraient porter. »
Si l’Arabie Saoudite a réellement acheté ces missiles à la Chine en 2007, - poursuit Léonid Ivachov, - c’est en réponse au programme nucléaire iranien. On sait que ce problème n’est plus d’actualité maintenant, mais le processus est déclenché et va continuer. Il est permis de penser que la Turquie veut également se constituer un arsenal nucléaire. La raison en est simple. C’est que Riyad, Téhéran et Ankara sont engagés dans la course au leadership dans la région et les missiles balistiques sont un argument de poids dans cette confrontation. Finalement, tous lorgnent sur l’arsenal nucléaire israélien.
Il faut préciser qu’aucun pays de la région n’a encore déclaré officiellement son intention de se doter d’arme nucléaire. En même temps, il est évident que les pays riches peuvent se le permettre, surtout après que l’Inde et le Pakistan s’en soient dotés.
Il y a aussi l’exemple d’Israël, qui ne nie ni ne confirme depuis longtemps sa possession de l’arme nucléaire, estimant que c’est un bon argument dans les conflits régionaux.
On comprend globalement le désir des pays de cette région tumultueuse de suivre le même chemin. John Huntsam, candidat à la présidence des États-Unis, s’est exprimé le mieux à ce sujet il y a quelques années : « Les Coréens du Nord possèdent l’arme nucléaire et personne n’ose y toucher. Tous ont le regard tourné vers la Libye qui avait renoncé à ses ambitions nucléaire au nom de l’amitié avec le monde. Et voyez où elle en est maintenant. » /N