Aujourd'hui la Russie, l'Ukraine et l'UE sont réunies à Berlin pour évoquer la tarification du gaz russe et le remboursement, par Kiev, de sa dette envers Gazprom, écrit vendredi le quotidien Izvestia.
Le 16 juin, cette réunion trilatérale n'avait donné aucun résultat – la Russie avait suspendu les livraisons de gaz en Ukraine, exigeant que cette dernière rembourse sa dette de
2 milliards de dollars (sur les 5,3 milliards accumulés à l'époque). L'Ukraine a rejeté ces exigences et les deux parties ont saisi la cour d'arbitrage de Stockholm.
Pendant le procès, la Russie a proposé de rétablir les livraisons en Ukraine pour 385 dollars les mille mètres cubes de gaz, mais uniquement après le remboursement par Kiev d'une partie de sa dette pour 2013 (1,45 milliard de dollars) et un paiement pour le gaz fourni en avril-juin 2014 tenant compte de la remise de 100 dollars aux mille mètres cubes. Pour sa part, l'Ukraine n'a versé que 780 millions de dollars fin mai et continue d'insister sur une réduction tarifaire: 300 dollars en été et 380 dollars en hiver. L'Europe, elle, soutient la Russie: elle exige le remboursement de la dette et qualifie "d'honnête" le tarif de 350-385 dollars.
Les experts ignorent si un consensus sera trouvé sur les tarifs mais une chose est sûre: après que l'argent du Fonds monétaire international (FMI) a été dépensé par l'Ukraine pour des besoins qu'on ignore, l'UE ne fait plus confiance aux autorités de Kiev et va chercher à forcer les négociations.
Le ministère russe de l'Energie ne fait pour l'instant aucun commentaire sur les négociations en question, mais souligne que "la Russie étudiera avec l'UE les propositions de l'Ukraine".
Selon les experts, il est peu probable que ces pourparlers débouchent sur des accords.
"L'Europe tentera de forcer le processus par l'obtention d'un accord intermédiaire jusqu'à l'annonce des conclusions de la cour de Stockholm", déclare Alexandre Passetchnik du Fonds de sécurité énergétique nationale.
"Mais la Russie n'acceptera pas la proposition de compromis européenne, d'autant que l'hiver qui approche renforce les positions du ministre russe de l'Energie Alexandre Novak", affirme le directeur du Fonds de développement énergétique Sergueï Pikine.
"L'Europe a assuré ses arrières si les quantités de gaz russe livrées ne suffisaient pas, en remplissant complètement ses réservoirs dans le cadre des contrats déjà signés", précise l'expert.
Ainsi, en cas de rupture des fournitures russes, l'Europe réussirait à passer l'hiver grâce à ses réserves.
"Au pire des cas les Européens pourront toujours se tourner vers le Qatar, mais l'Europe n'a rien à craindre pour le transit ukrainien – l'Ukraine essaiera de se montrer comme un partenaire fiable devant l'UE", pense Rimma Soubkhankoulova du World Energy Expert Group.
D'après le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, l'Ukraine est prête à prendre des mesures extrêmes si les négociations échouaient. En cas de pénurie de gaz, les autorités pourraient établir des tarifs égaux pour les particuliers et les entreprises, ce qui se traduirait par une multiplication par quatre des tarifs pour la population.