Comme cette année la semaine des cultures étrangères est consacrée au thème culinaire, vous aurez la possibilité d’apprécier non seulement l’artisanat d’art exceptionnel, mais la gastronomie syrienne « variée, raffinée, aux mille parfums et épices », selon le prospectus de l’évènement. L’actualité pourra également être abordée, promet Nora Sanderre dans une interview accordée à La Voix de la Russie, la veille de l’ouverture de l’exposition de l’artisanat syrien.
Nora Sanderre. « C’est une exposition qui est faite dans le cadre de la 13ème édition de la semaine des cultures étrangères. Et j’ai l’honneur d’organiser cette exposition pour présenter la culture syrienne à travers l’artisanat pour la troisième année consécutive. Les produits que j’expose ne varient pas énormément d’une année sur l’autre. Puisque ça parle de l’artisanat syrien qui est un des patrimoines précieux de la culture syrienne. Les nappes brodées à la syrienne c’est vraiment spécifique. Ce sont des nappes qui sont faites en coton production locale syrienne et brodées en fil de soie. C’est fait avec des dessins différents selon des tampons. C’est fait par des femmes qui sont passionnées de leur travail. Et ça leur permet en même temps d’être autonomes et indépendantes et de travailler pendant des heures libres quand elles ont envoyé les enfants à l’école, par exemple. Ça c’est le premier produit, produit phare. Le deuxième c’est la marqueterie. Ce sont des boîtes faites en bois de noyer et habillées avec une multitude de petits morceaux en bois différents, par exemple, du bois d’olivier, de cerisier, de rosier, de l’ébène… et incrustées de nacre. Ce sont des boîtes précieuses qui, dans la culture syrienne, ont une autre signification, pour certains modèles. Ce sont des boîtes dans lesquelles on offre des bijoux à une nouvelle mariée lors des fiançailles. Plus le mari est riche, plus la boîte est grande. J’expose aussi des foulards en soie naturelle, tissage et impression manuels, qui sont de la production exclusive d’Alep. Pareil pour les foulards en coton. Et le fameux savon d’Alep qui est un savon fabriqué depuis des milliers d’années. Il est fait des produits naturels à 100%, de l’huile d’olive et de l'huile de baie de laurier qui a des vertus de soin exceptionnelles.
Cette année le thème de la semaine des cultures étrangères est l’art culinaire. Dans mon exposition au Centre culturel syrien il y a aussi une partie de l’exposition consacrée aux épices qui font une partie intégrale de la cuisine syrienne. Et il va y avoir un soir sur l’art de la table syrienne.
LVdlR. La civilisation syrienne avec ces villes millénaires comme Damas, Alep, Homs est parmi les plus anciennes. Ces artisanats dont vous parlez doivent remonter à l’époque de la naissance de la civilisation syrienne, n’est-ce pas ?
N.S. Absolument. Notamment le savon d’Alep parce qu’on en a des traces écrites ou des traces palpables vérifiables qui datent de 4000 ans avant J.-C. D’ailleurs, les savonneries sont faites en pierres dont l’aspect est comme des petites piscines et avec un petit sous-sol en dessous duquel on allume des feux (à l’époque c’était en bois, maintenant c’est plus modernes) pour que le savon cuise à basse température. Ce sont vraiment des savonneries extrêmement anciennes. Et on continue à fabriquer le savon dans la région d’Alep avec les mêmes recettes. Les maîtres savonniers gardent leur secret bien à eux.
LVdlR. Vous savez, quand on parle de la Russie, par exemple, je pense que la première chose qui vient à l’esprit, c’est matriochka, poupée russe. Quelle est la carte de visite de la Syrie, de la culture syrienne ?
N.S. Le symbole de la culture syrienne ? Il y en a tellement. Par exemple, l’écriture, le premier alphabet en tant qu’alphabet, lettre par lettre, est né en Syrie. La première note de musique est née en Syrie. Le premier théâtre ambulant est né en Syrie…
LVdlR. Et qu’est-ce qui vous distingue, je veux dire les Syriens, des autres cultures arabes ?
N.S. Je suis syrienne, donc je ne suis peut-être pas très objective. Mais honnêtement, les artisans syriens, quand ils produisent quelque chose, ils sont très minutieux. Ils ont leur respect du produit, ils ont l’amour du travail bien fait. On est fidèle à ce que les ancêtres nous ont laissé comme patrimoine. Et on le préserve. Et tous les Syriens, que ce soit des personnes très cultivées qui sont très attachées à la culture, ou le Syrien moyen, on a tous le respect de notre patrimoine.
LVdlR. Quel message voulez-vous apporter à nos auditeurs ?
N.S. Malheureusement, la Syrie traverse actuellement une période extrêmement difficile. La plupart des gens ne connaissent la Syrie que depuis peu sous un angle pas vraiment favorable. Qu’ils viennent à cette exposition. Non seulement ils peuvent voir quelques exemples des produits issus de la culture syrienne mais aussi on peut leur parler de la Syrie, on peut leur montrer les affiches, les images, on est tous passionnés. Les visiteurs de l’expo des années précédentes se passionnaient pour la Syrie mais ils ne la connaissaient pas tous forcément, comme ils devraient la connaître. »
