Nouvelle Russie. Identité et valeurs (Partie II)

Nouvelle Russie. Identité et valeurs (Partie II)
S'abonner
Cette nouvelle Russie pour laquelle tant d’Européens sont prêts à mourir, sera-t-elle ce terrain d’entente où l’Occident renouera avec l’Eurasie dans l’optique de l’immense Europe gaulliste dont les nations constituantes seront unies dans un même Corps et dans un même Esprit ?

Si la notion de « valeur » a aujourd’hui perdu de son sens dans la mesure où les processus globalisateurs en ont fait quelque chose de strictement individuel, voire, sur le plan social, de formel, il est néanmoins des Valeurs propres au Vieux Continent qui résistent à l’épreuve du temps. La nouvelle Russie dont Alain Benajam, directeur du Réseau Voltaire, nous a parlé hier, se revendiquerait comme une plateforme étatique expérimentale sur laquelle devraient se greffer ce que la civilisation helléno-romano-chrétienne a produit de meilleur.

Le vrai socialisme – pas la contrefaction ridicule du PS français actuellement au pouvoir, – la démocratie directe, le travail et la famille sont autant de Valeurs que l’on aimerait concilier, ce qui, semble-t-il, n’est pas chose infaisable.

Je soumets à votre attention la deuxième partie de l’intervention d’Alain Benajam.

Françoise Compoint. La Nouvelle Russie est composée de deux Républiques populaires autoproclamées. Qu’est-ce que sous-entend, en pratique, l’adjectif populaire ? Proposent-elles un modèle de démocratie comparable à celui de démocratie directe ?

Alain Benajam. Pour l’instant, les gens de Novorossia n’ont pas précisé d’une façon explicite ce qu’ils entendent par là mais on a pu, au cours de la conférence de presse de Goubarev qu’il a donnée à Paris via le skype, en savoir un peu plus. En Novorossia, les oligarques seront bannis ! Les richesses que ces gens-là s’étaient appropriés de l’importante industrie minière et d’armement de l’Est de l’ex-Ukraine seront redistribuées.

Cela ne veut pas dire que l’on va se relancer dans la construction du socialisme dans sa précédente forme et étatiser l’ensemble de l’activité économique mais, pour le moins, l’essentiel des richesses du pays vont retourner au peuple.

Ce qui est intéressant dans la Novorossia, c’est qu’il s’agit d’une Russie mais d’une Russie différente de la Fédération de Russie. Tout comme il y a une France et une nouvelle France au Québec. On peut avoir des valeurs culturelles similaires dans des Etats différents, ce modèle existe partout. Pourquoi n’en serait-il pas ainsi des Russies ?

Point marquant : cette Russie-là va innover dans l’organisation économique. D’abord, il va s’agir d’une Union des Républiques populaires de Novorossia ce qui signifie que les anciennes oblasts russes vont devoir s’autodéterminer, créer leur République populaire, donc virer, cela s’impose, les oligarques, et enfin se créer en Fédération, c’est-à-dire en une Union de ces fameuses Républiques populaires. Inutile de dire que ces objectifs politiques font peur aux Américains mais font aussi extrêmement peur aux oligarques russes qui eux font tout pour saboter l’expérience de Novorossia. C’est ce que Strelkov dans sa conférence de presse a appelé la « cinquième colonne russe » ! On voit bien que la Russie peine à aider correctement l’expérience de Novorossia puisque Poutine lui-même n’a pas les mains libres pour pouvoir aider comme il le convient cette expérience qui est dans l’intérêt non seulement du peuple russe mais également du peuple français. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, de nombreux Français veulent aller combattre en Novorossia sentant bien que là est en train de se créer quelque chose de nouveau. Ce quelque chose de nouveau, c’est aussi la référence culturelle à la tradition.

On sent bien que le capitalisme mondialiste anglo-saxon essaye de gommer toutes les différences culturelles. On le sent à travers la sous-culture qu’il promeut, que ce soit sur le plan du cinéma, de la sous-cuisine genre McDo et de l’ensemble des comportements des gens. Il s’agit non seulement d’effacer la diversité culturelle des peuples mais aussi leurs particularités politiques et leurs nations. C’est ce que l’on appelle le mondialisme. On ne peut pas construire un Etat sans références historiques, c’est complètement impossible ! Ce qui est en train de se faire en Novorossia, c’est justement l’expérience d’un syncrétisme entre les valeurs traditionnelles russes qui sont notamment contenues dans la religion orthodoxe et les valeurs révolutionnaires qui font référence au socialisme passé de l’URSS. Ces deux valeurs sont justement symbolisées par le drapeau de Novorossia qui est le drapeau rouge, celui-là même de la Commune de Paris (je rappelle que Lénine repose sur un drapeau de la Commune de Paris), frappé de la croix de Saint-André, fondateur de l’Eglise d’Orient. Le drapeau de la marine russe est aussi frappé de la croix de Saint-André.

Ce drapeau incarne donc cette synthèse entre ces valeurs traditionnelles et les valeurs révolutionnaires. Voilà l’essentiel, ce qui nous importe et que nous essayons aussi de faire en France en mettant en avant nos valeurs traditionnelles, notamment celles de la Révolution française de 1789 et en montrant notre spécificité face à l’impérialisme destructeur. Ces valeurs qu’on peut appeler nationales ou culturelles sont le meilleur rempart contre l’impérialisme et le mondialisme ».

Commentaire de l’auteur. Lorsqu’un monde se lézarde puis s’écroule, un autre se construit quelque part ailleurs. Cette nouvelle Russie pour laquelle tant d’Européens sont prêts à mourir, sera-t-elle ce terrain d’entente où l’Occident renouera avec l’Eurasie dans l’optique de l’immense Europe gaulliste dont les nations constituantes seront unies dans un même Corps et dans un même Esprit ? Nous osons l’espérer.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала