Le Donbass vu par un témoin

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Saour-Moguila est un tertre dominant le Donbass. 23 mille combattants de l’Armée Rouge ont péri ici au cours des affrontements avec les troupes hitlériennes en août 1943.

Au milieu des années 60 du siècle dernier un mémorial a été érigé sur Saour-Moguila. Il y avait ici un monument au soldat soviétique. D’ailleurs, il n’en reste plus rien, et le mémorial a été également fortement endommagé. Durant tout l’été de 2014 des combats pour cette hauteur stratégique se poursuivaient entre l’armée ukrainienne et les milices de la République populaire de Donetsk, qui se sont achevés fin août par la victoire de ces dernières.

Vladimir Vegoti, designer de la ville russe de Taganrog (éloignée de seulement 150 km de Donetsk ukrainienne) a visité avec des spécialistes du Musée de l’histoire militaire ces lieux quelques jours après l’achèvement des hostilités pour prendre en photos l’ampleur des destructions au mémorial, mais aussi dans tout le Donbass : terre brûlée avec ossatures de véhicules, maisons en ruines et atmosphère de désolation générale.

« D’après mes sensations, à peu près un foyer sur dix était encore habité. Quand on passe, on voit que tout est vide, puis soudain on remarque des signes de vie : des poules qui courent, une cheminée qui fume. Ensuite à nouveau des rues désertes et des maisons abandonnées. Les douanes ukrainiennes sont entièrement détruites, il n’y a que des douanes russes qui fonctionnent. Quand nous sommes arrivés à la frontière, nous avons vu deux queues : l’une pour sortir, l’autre pour entrer. Des bus, marqués d’écriteaux « enfants », des voitures avec des tapis et des machines à laver fixés sur le toit quittaient l’Ukraine. A ce que je comprends, ceux qui apprennent que leur bourg a été libéré de l’armée ukrainienne, rentrent. Tous cherchent à fréquenter la Russie pour faire provision des vivres, car rien ne fonctionne dans le Sud-est ukrainien. »

Les milices parlent peu et sans pathos :

« Dans leurs rangs il y a beaucoup de mineurs locaux, qui assurent la permanence un jour sur trois. Les gars à qui j’ai parlé ce sont des civils qui se sont enrôlés dans les milices. La maison de l’un a été mise en ruines, un parent de l’autre a été tué. Un tireur d’élite a été formé à l’école militaire à Kiev. Il raconte avoir un copain depuis cette époque, mais qui combat du côté adverse et il craint qu’ils ne s’affrontent un jour. »

Au début de septembre ont a commémoré à Saour-Moguila un nouvel anniversaire de la libération du Donbass des troupes nazies. Le monument au soldat soviétique, l’obélisque – tout cela ce sera à reconstruire. Or vu la situation en cours en Ukraine, on ne sait pas encore qui va le faire, avec quel argent et quand, - dit Vladimir Vegoti.

C’était le reportage d’un témoin revenu du Donbass.

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