Le vote de confiance : to be or not to be ?

Le vote de confiance : to be or not to be ?
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Plongée depuis longtemps dans une crise politique majeure, la France s’approche de la ligne rouge. Après avoir subi une rentrée particulièrement turbulente avec un remaniement et la démission d’un secrétaire d'Etat qui aurait oublié de payer ses impôts, le premier ministre est de nouveau confronté à l'avis des députés.

De façon permanente, l’Hexagone est tantôt bouleversé par des esclandres dans la haute politique, des révélations ou des confidences embarrassantes, tantôt exposé aux problèmes économiques graves. S’y ajoutent les sondages catastrophiques de François Hollande qui font de lui le Président le plus impopulaire de la Vème République. C’est dans cette conjoncture morose que le gouvernement Valls II, formé le 26 août, se soumettra au vote de confiance, le 16 septembre. Le résultat n’en est pas évident, bien que Hollande se soit assuré une majorité confortable au Parlement.

Quoi qu’il en soit, il ne faut surtout pas oublier l’approche des élections sénatoriales prévues le 28 septembre et les présidentielles en 2017. Gilles Garnier, du Parti communiste français, nous a décortiqué les causes et les conséquences du vote de confiance.

Gilles Garnier. Je crois que pour plein de raisons le gouvernement est totalement disqualifié. La première des raisons c’est que les résultats économiques sont absolument catastrophiques. Qui plus est, toutes les mesures d’économie, toutes les mesures d’austérité avaient été présentées pour faire baisser le déficit budgétaire. Mais le déficit continue d’augmenter, il n’y a qu’à regarder la Grèce où la situation est la même, même si nous ne sommes pas dans les mêmes proportions. Deuxièmement, parce que ce gouvernement est impétré dans des affaires politiques ou financières avec des personnages qui l’entourent, donc qui sont à l’intérieur et qui sont, malheureusement, les uns et les autres très peu recommandables. Il est possible que ce gouvernement ait la confiance de la majorité mais il est en sursis. Ce gouvernement a échoué. Qui plus est, il ne tient aucune de ses promesses électorales. Donc, le divorce est total avec le pays, le divorce est en partie réalisé avec la majorité. Je ne vois pas comment ce pouvoir va pouvoir durer jusqu’en 2017.

LVdlR. Alors, peut-on parler de la crise politique ?

Gilles Garnier. Oui, je pense qu’on est dans une crise multiple : crise économique, crise sociale, crise politique, on peut dire même crise d’origine. Car les institutions font la démonstration si ce n’est par la grâce de la Vème République et la manière dont elle avait été écrite, le gouvernement ne devrait dans aucun pays pouvoir continuer à exercer. Dans n’importe quel autre pays, c’est comme ça. La Constitution de 1958 va permettre au gouvernement de faire une pression sur ses parlementaires. La plupart des députés socialistes, malheureusement, risquent de perdre leurs postes. Donc, ils vont rester à côté de l’élection de 2017. C’est d’ores et déjà qu’ils auront déjà perdu en 2017.

LVdlR. Certains membres de l’opposition ou du Front national demandent la dissolution de l’Assemblée nationale voire la démission de François Hollande. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Gilles Garnier. Franchement, vous pouvez imaginer la position du Parti communiste à ce sujet. Nous ne sympathisons pas au gouvernement qui nous étouffe. Bien au contraire. Je pense qu’on a tout fait et tout dit auprès de la population pour qu’elle s’aperçoive que ce n’est pas une politique de gauche. Et si c’est pour faire remettre en selle des gens, ils feront la même chose voire pire. Le Front National est évidemment encore pire. Donc on imagine bien que le Parti communiste combattra le Front National. Donc, s’il y a la dissolution, c’est parce que le gouvernement aura perdu. Les 15 députés qui sont membres du groupe gauche démocratique-républicain, dans lequel une dizaine de membres de Front de gauche, ne voteront pas la confiance, comme on ne l’a pas fait pour le gouvernement Valls I.

De là à appeler le Président de la République à démissionner, c’est à lui à en tirer ses propres conclusions. S’il pense qu’il peut continuer à faire, alors il sera battu aux urnes des élections de 2017. S’il avait un peu de jugeotte, la réforme territoriale et la réforme des institutions locales, il ne ferait pas. Ce gouvernement ne va pas pouvoir survivre que parce que les gens le lui permettent. Je ne vais pas porter ma voix pour soutenir ceux qui ont mis le pays dans un état catastrophique. Il ne faut pas oublier que les erreurs d’Hollande, de Valls n’effacent pas les cinq ans de mandat de Sarkozy qui ont aussi été la grande catastrophe nationale. On en est au deuxième mandat de catastrophe nationale : un de droite et un de gauche.

LVdlR. Pour revenir au vote de confiance. Quels sont vos pronostics ?

Gilles Garnier. Je pense qu’il risque de l’avoir pour la simple et bonne raison comme je vous l’ai dit : c’est qu’une partie de la majorité socialiste au Parlement et l’immense majorité du groupe Valls lui accorde sa confiance. Dans un cas de vote de défiance, il faut que les votes « contre » soient majoritaires. Donc, la droite va voter contre, on va voter contre mais pas pour les mêmes raisons. Je pense qu’un certain nombre de députés comme les libres va voter contre. Je pense que certains socialistes vont s’abstenir. Mais ils seront majoritaires quand-même. C’est un gouvernement en sursis. Il n’a plus de soutien populaire et le seul soutien qu’il a, c’est le patronat. Donc vous imaginez bien que pour le gouvernement socialiste de n’avoir comme soutien légitime que les organisations patronales, c’est un gouvernement en sursis.

LVdlR. Pourquoi donc organiser ce vote de confiance ?

Je pense qu’il veut montrer, même si c’est très artificiel, qu’il a la confiance de la majorité des députés socialistes. L’immense majorité de ceux mêmes qui ont voté pour, le feront uniquement dans les questions de survie politique. Ils savent que sinon, cela accélère leur propre chute.

L’organisation du vote de confiance prouve qu’il n’y a ni roi ni dame sur l’échiquier politique français. Faire table rase signifierait de laisser les racistes et leurs opposants déchirer le pays voire le laisser entre les mains des musulmans. Réformer le système actuel, remplacer tous les politiques hautement placés est peu probable et surtout presque irréalisable. La France a besoin d’un leader incontestable qui suivra la trajectoire « per aspera ad astra ».

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