Trêve fragile en Ukraine

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Cette semaine, le cessez-le-feu longtemps attendu a été introduit en Ukraine. Mais il faut reconnaître qu'il ne s'est pas transformé en un véritable armistice.

Les parties s’accusent mutuellement de violer les accords et d’utiliser les armes. Kiev regroupe ses effectifs. Les habitants du Sud-est fuient les villes, et les localités pilonnées rétablissent les communications.

Le 5 septembre, à Minsk, a eu lieu la rencontre du groupe de contact sur le règlement de la crise en Ukraine. Lors des négociations, on a adopté un document sur l'assistance au règlement pacifique dans le Sud-est du pays, qui suppose un régime de cessez-le-feu et l'échange de prisonniers. Lors de la rencontre, il y avait des représentants des pouvoirs ukrainiens, des républiques populaires autoproclamées de Lougansk et de Donetsk, de l’OSCE et de la Russie.

Le plan est loin d’être idéal. Il ne prévoit pas, en particulier, le retrait des troupes ukrainiennes des localités occupées, et surtout, leur retrait du territoire des républiques autoproclamées. Il n’y est pas question du statut de la région en général.

Mais, par contre, le plan possède un important mérite : il a arrêté le carnage fratricide, et il est devenu le premier pas vers la paix.

Cette semaine, le ministre des affaires étrangères de Russie Sergueï Lavrov a souligné que la Russie n’allait pas occuper une position passive en ce qui concerne les droits des habitants des régions de Donetsk et de Lougansk.

« En parlant de l'importance du format lié à la réalisation des accords conclus à la rencontre de Minsk le 5 septembre, on ne peut oublier en aucun cas le processus constitutionnel pan-ukrainien, l’engagement pris par les pouvoirs de Kiev il y a plusieurs mois. Et nous insisterons pour que cette obligation soit accomplie. »

Les analystes craignent que le régime du cessez-le-feu ne soit officiellement supprimé dans l'immédiat. En outre, la Rada Suprême pourrait aussi saper la trêve. Il n'est pas exclu que les députés refusent de valider même ces points modérés qui figurent dans l'accord de Minsk - l’amnistie générale et le statut spécial pour les régions se trouvant sous contrôle des miliciens populaires de Donbass.

Il ne faut pas oublier non plus « le parti de la guerre » en Ukraine. Les détachements des nationalistes se sentent comme des seigneurs lors des hostilités– c’est leur pain quotidien. Et ils ne vont pas renoncer facilement à ce « pain » ensanglanté gratuit.

Malgré les déclarations fortes, les États-Unis ne sont pas trop intéressés par la fin de la guerre civile en Ukraine. Washington a un intérêt à avoir un foyer de tensions entre l'Europe et la Russie. Cela affaiblira les deux concurrents, pendant que les États-Unis resteront au-dessus de la mêlée.

Le chef du centre d’experts Développement Eurasien Stanislav Pritchtine souligne que la trêve a des partisans et des ennemis.

« On peut dire avec certitude que les pouvoirs actuels, en premier lieu, ont intérêt à poursuivre la trêve. Mais bien sûr, il y a des forces qui ne sont pas intéressées à ce que l'armistice soit maintenu. Il y a des forces destructives qui veulent gagner des points politiques à la veille des élections à la Rada Suprême. »

Mais il y a tout de même des chances fragiles de paix en Ukraine. Les manifestations des mères ukrainiennes en témoignent : celles–ci demandent que leurs fils reviennent chez eux. Elles reflètent l'humeur d’une grande partie de la société ukrainienne. En outre, la semaine passée, Moscou et Kiev se sont mis d'accord sur l'envoi de deux autres convois avec de l'aide humanitaire aux habitants des régions de Donetsk et de Lougansk. L'échange de prisonniers a commencé. Et dans les jours qui viennent, Porochenko apportera à La Rada Suprême un projet de loi sur le statut spécial de la république de Donetsk et de Lougansk. Et alors, il deviendra évident de savoir ce qui attend les Ukrainiens ordinaires et quels politiques sont majoritaires à Kiev : les partisans du « parti de la guerre » ou ceux du « parti de la paix ». /N

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