Les « signaux » envoyés par l’UE sont bien contradictoires. Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy tantôt dit que Bruxelles peut renoncer entièrement aux sanctions antirusses à la lumière d’une amélioration de la situation en Ukraine, tantôt confirme soudain que de nouvelles sanctions économiques sont adoptées contre Moscou. Des experts considèrent que l’UE ne croit pas en un cessez-le-feu en Ukraine, et plus exactement en un résultat de la trêve souhaité par l’Europe. Un commentaire de Michael Emerson, expert au Centre des Etudes de la Politique Européenne à Bruxelles :
« Actuellement le régime de cessez-le-feu est en vigueur en Ukraine. Il reste à savoir quelle décision politique va finalement prévaloir. Pour le moment les conditions d’un règlement politique du conflit armé ne sont pas claires. Il peut varier d’une démilitarisation, de la paix et de l’intégration des régions de l’est dans l’Ukraine à l’option où les régions de Donetsk et de Lougansk deviennent une nouvelle Transnistrie. Dans le cas du premier scénario tous en Europe annuleront volontiers leurs sanctions. Dans le cas contraire – rien de tel n’arrivera.
Quant à l’effet des sanctions, il est contraire pour les deux parties. L’embargo russe touchant les denrées alimentaires importées de l’Occident, a eu un effet immédiat et a créé des problèmes dans le secteur agricole. Les sanctions économiques de l’UE, dont l’accès aux marchés des capitaux et les livraisons des articles hautement technologiques dans certaines branches de l’économie, n’ont pas d’effet immédiat (sauf les sanctions financières, ayant entraîné des fluctuations des cours de change des devises). Elles conduiront à l’isolement de la Russie de l’économie mondiale à long terme. »
Si l’UE poursuit de tels objectifs, dignes de l’époque de la guerre froide, on ne doit pas s’étonner que le conflit en Ukraine ne constitue qu’un prétexte et que les initiatives de paix, exposées, y compris dans le plan de paix du président Poutine, ne trouvent pas de soutien en Europe.
D’après le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, la Russie prépare une réponse asymétrique aux sanctions occidentales. Ainsi les autorités russes discutent une possible modification des vols transsibériens, l’arrêt d’une partie des vols charter pour les compagnies d’aviation européennes et la fermeture de l’espace aérien au transit des transporteurs aériens ukrainiens. Une version élargie des mesures de rétorsion prévoit des mesures de limitation de l’importation dans l’industrie automobile, de construction navale et d’avions.
Bruxelles a donné à comprendre opté délibérément pour une aggravation des rapports avec la Russie. Probablement, l’éventuel scénario indésirable de règlement en Ukraine contredit les tâches géopolitiques de l’UE.