La Russie dispose déjà des moyens de défense nécessaires pour parer le système américain de frappe planétaire rapide (Prompt Global Strike, PGS), mais il faut continuer à les développer et à les perfectionner, estiment les experts militaires interrogés par RIA Novosti.
Le vice-ministre russe de la Défense Iouri Borissov a déclaré mercredi lors d'une réunion avec le président Vladimir Poutine que la Russie pourrait créer son propre système de frappe planétaire rapide, mais qu'elle se référerait à la doctrine défensive du développement des armements.
Le PGS américain prévoit la conception d'un vecteur hypersonique, dont des prototypes sont déjà à l'essai. Il est capable d'effectuer une frappe non nucléaire de haute précision depuis le territoire américain contre des cibles sur l'ensemble de la planète environ une heure après le lancement. Ce système représente un danger de par sa capacité à porter une attaque non nucléaire désarmant des forces nucléaires stratégiques.
La Russie a tout le nécessaire
Le général d'armée Iouri Balouïevski, ex-chef d'Etat-major des forces armées russes, est persuadé que la Russie est suffisamment puissante pour contrer une attaque américaine: "Ce sont nous disposons aujourd'hui est déjà un système de riposte éclaire".
C'est également l'avis du président de l'Académie des problèmes géopolitiques Konstantin Sivkov, qui pense que la Russie possède l'arsenal nécessaire pour parer une attaque, il faut simplement mettre au point ou remplacer certaines ressources opérationnelles.
"La Russie est dotée, par exemple, du missile de croisière stratégique aéroporté à longue portée Kh-101 capable d'atteindre une cible se trouvant à 5.000 km – selon les informations des sources ouvertes", explique Konstantin Sivkov.
Deuxièmement, la Russie possède des missiles de haute précision qui pourrait avec une ogive conventionnelle attaquer des cibles au sol. Selon lui, il s'agit des deux principaux éléments d'une frappe rapide à longue portée.
"En d'autres termes, dès à présent on pourrait réagir. En principe, l'aviation stratégique actuelle serait suffisante s'il y avait la possibilité de moderniser la flotte, par exemple, les sous-marins nucléaires du projet 941 de classe Akoula et les sous-marins du projet 885 comme le Severodvinsk. Ils pourraient alors également attaquer rapidement", explique le général.
Renforcer la défense aérospatiale
Comme l'a fait remarquer le rédacteur en chef de la revue Défense nationale Igor Korottchenko, membre du conseil public auprès du ministère de la Défense, il est primordial pour la Russie de développer et de perfectionner le système de défense aérospatiale comme un dispositif permettant de neutraliser les capacités américaines en termes de frappe planétaire rapide.
"L'élaboration des armements comme le complexe sol-air S-500 est un élément crucial pour la création d'un système efficace de défense aérospatiale. Le S-500 est capable d'éliminer des cibles aériennes, mais aussi dans l'espace jusqu'à 200 km d'altitude se déplaçant à une vitesse allant jusqu'à 8 km/s", explique l'expert.
D'après Igor Korottchenko, il est également nécessaire de développer les systèmes de détection avancé du lancement de missiles et de missiles de croisière d'un éventuel ennemi visant le territoire russe.
Il a rappelé qu'il était prévu de créer sur base du groupe de la défense antiaérienne Almaz-Anteï un holding de défense aérospatiale pour y inclure, hormis les entreprises du groupe, d'autres concepteurs et intégrateurs systémiques, y compris pour élaborer des systèmes spatiaux d'identification et de contrôle.
"L'état-major des armées étudie plusieurs options d'intégration de divers moyens et forces de l'armée russe pour configurer de manière optimale le système de défense aérospatiale et la préparer le mieux possible à parer des menaces actuelles et prévisibles en la matière", a conclu l'expert.