Agriculteurs français en manque de partenaires russes

Agriculteurs français en manque de partenaires russes
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Troisième loi de Newton dit clairement : « Pour chaque action, il existe une réaction égale et opposée » Mais les lois de la mécanique ne s’appliquent pas directement au sociétal, ni au politique. Ainsi, on paraphrase : « Pour chaque action politique, il existe une réaction de la base, même si celle-là n’y est pas opposée » Ainsi, la décision politique d’actions contre la Russie ont eu la réponse dans le domaine surtout agro-alimentaire, et, par répercussion, a provoqué une réaction chez les agriculteurs français.

Nous avons essayé de comprendre si l’embargo sur les produits d’agriculture française allait avoir des conséquences sur l’économie avec le président de la Sica de Saint-Pol-de-Léon Jean-Francois Jacob.

Jean-Francois Jacob. Il est évident que ça va avoir des conséquences économiques lourdes, dans la mesure qu’on avait depuis plusieurs années, dans l’agroalimentaire, notamment en Bretagne, beaucoup travaille avec la Russie, autant sur le plan « commerce » que sur d’autres activités. Malheureusement, beaucoup d’années d’échanges, de travaux communs avec la Russie sont remis en question.

Il ne m’appartient pas de juger des incidents diplomatiques et politiques. Ce qu’on fait, ce qu’on dénonce, c’est que principalement l’agriculture en France va subir les conséquences. Notamment, le secteur des fruits et légumes. Les impacts à deux niveaux seront relativement limites. Dans cet échange diplomatique un peu musclé, on demande au producteur de payer une guerre qui n’est pas la sienne, et, surtout limitée à un seul secteur.

Malheureusement, ce qu’on est obligé de constater, que les compensations évoqués par l’Union Européenne pour les producteurs des légumes, en l’occurrence en Bretagne, n’auront aucun impact. C’est-à-dire nous ne toucherons pas un centime. A notre niveau, on trouve ca très malheureux. Et ce n’est pas qu’en point de vue économique.

La Voix de la Russie. A la limite, si l’Europe ne paye pas, cela ouvre plus de liberté d’action ? C’est peut-être aussi la possibilité de ne plus suivre le sillon de l’Europe et, quelque part, aussi le dictat de l’Europe…

Jean-Francois Jacob. Nous, en effet, on aurait préféré que le commerce continue. On sait que les effets d’annonce des subventions ne sont jamais suivis dans la réalité. On n’est pas demandeurs de subventions. On est demandeur à pouvoir continuer faire du commerce avec les gens, avec qui on travaillait.

On est en Bretagne des pro-européens. Mais au-delà des pro-européens, on fait du commerce au-delà de l’Europe, et notamment sur la Russie. Nous, on n’est pas demandeurs de subventions, on préfère que le commerce continue, on espère que cela ne dure pas trop longtemps…on n’est pas dans le secret des dieux…

La récolte (techniquement) était bonne. Par contre, il est évident que sur certain nombre de produits on est fortement pénalisés depuis le début de la crise. Je pense à la tomate, mais également on a peur pour le chou-fleur pour l’hiver qui vient, bien que nous ayons constitué les relations de plus en plus fort ces cinq dernières années avec la Russie. On s’y retrouvait tous. On a même prévu de faire une course océanique avec les trimarans et d’autres bateaux à partir de Saint-Pétersbourg. C’était un des projets qui allait au-delà de la relation économique. C’était aussi un échange culturel.

LVdlR. Vous dites : « On ne sait pas si les sanctions existent ou pas » Il n’y a pas de directives, si on reprenait les termes « a la soviétique », comment suivre ou pas les courants des hautes sphères politiques…

Jean-Francois Jacob. L’essentiel de notre préoccupation est économique dans notre secteur fruits et légumes. Les directives sont claires ? la Russie a dit dans les termes des sanction : « Je n’emporte plus les fruits et légumes d’Europe. Ainsi, nous sommes condamnes à ne plus exporter vers la Russie.

Sur d’autres registres, on a même développé tout un commerce de gaz avec Gazprom sur la Bretagne… Tout ça est malheureux : on a développé d’un cote avec la Russie un commerce d’achat de fruits et légumes, et nous achetions du gaz. Ce sont des choses intéressantes dans l’intérêt de la Russie et de la Bretagne. On trouvait des accords assez équilibré. Tout ça est remis en question. Dans ces domaines-là on a très peu de lisibilité. On ne sait pas ce qui va se passer.

Comme personne ne sait, il ne se passe plus rien.

LVdlR. Il y a donc deux niveaux : les sanctions et la méfiance ?

Jean-Francois Jacob. La méfiance, oui. Ce qu’on redoute par-dessus tout, que tout le travail de discussion qu’on a pu avoir sur le plan économique avec la Russie, soit réduit à néant pour très longtemps. Alors, que nous avions des intérêts communs.

Tout ça nous inquiète beaucoup, parce qu’il est difficile de prévoir les conséquences à terme.

LVdlR. « Il est plus facile de détruire que de construire ». Ça serait bien si tous les liens se remettaient en place avec la même rapidité qu’elles se dénouaient…. Et qu’on avait la même promptitude dans la remise en place dans la construction que dans la destruction.

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