Il est à rappeler qu’une bonne partie d’habitants des régions en guerre, à savoir plus de 50 mille personnes, se sont réfugiés en Russie. Mais sur place il reste toujours des gens qui ne veulent ou ne peuvent pas partir et qui vivent sous un feu constant, dans des conditions catastrophiques : sans eau potable, ni médicaments, ni nourriture, sans électricité, forcés de se cacher dans un abri pour éviter les bombardements. Espérons que les négociations entamées récemment vont mettre fin à cette guerre… C’est ce que souhaitent les Russes.
Maintenant la Russie fait tout son possible pour aider les gens condamnés à vivre dans des villes complétement rasées. Le deuxième convoi humanitaire s’appètent déjà à partir pour le Donbass. Mais il y a également des associations russes qui ne regroupent que des bénévoles et qui fonctionnent indépendamment des organisations officielles. C’est le cas de l’association le Choix russe (Русский выбор) qui a ses propres points de collecte de l’aide humanitaire dans les villes russes et dont les volontaires se chargent de livrer de l’aide aux habitants du Donbass. Les rapports sur chaque mission sont mis sur le site de l’association. Pour savoir plus de l’activité de l’association, nous avons contacté Stépan Vasilenko, l’un des bénévoles du Choix russe. Ecoutons-le.
LVdlR. Bonjour Stépan, pourriez-vous vous présenter?
Stépan Vasilenko. Bonjour, je suis militant à l’association à but non lucratif qui s’appelle Le Choix Russe. Avec mes collègues j’étais à la base de sa création en mois de mai cette année. Nous nous sommes réunis pour aider les gens du Sud-Est de l’Ukraine dans la situation de crise humanitaire.
LVdlR. Les destinataires de votre aide humanitaire sont donc les habitants des régions en guerre, c’est bien cela ? Quel type d’aide fournissez-vous à ces gens ?
S.V. Effectivement, ce sont les civils du Donbass qui souffrent énormément déjà depuis plusieurs mois à cause de la guerre déclenchée dans la région. Je pense à tout le monde qui est abandonné par l’Etat ukrainien, notamment aux vieux, aux blessés, aux gens ordinaires. Ils sont souvent privés non seulement du logement, mais aussi de la nourriture, des médicaments, des vêtements. C’est ce genre de choses qu’on recueille soigneusement et qu’on donne à ceux qui en ont besoin le plus. Nous avons un réseau important qui nous permet d’adresser cette aide aux habitants des petites villes, dans les hôpitaux locaux. Par exemple, récemment on a envoyé de la nourriture à Krasnodon, dans la région de Lougansk. Il faut bien comprendre que beaucoup de civils de Sud-Est n’ont pas d’argent, ils n’ont pas d’autres accès aux médicaments sauf une aide des citoyens russes. Et dans ce cas-là, cette action humanitaire est vitale, elle reste parfois le seul moyen pour que la population locale puisse survivre.
LVdlR. Est-ce que votre association est liée avec le convoi humanitaire russe qui a fourni récemment une aide considérable aux habitants des régions en guerre ? Sinon comment vous trouvez cette idée?
S.V. Notre association n’est pas liée avec le convoi humanitaire. Nous grandissons de l’initiative publique, ce qui fait notre force, mais l’initiative publique ne suffit pas pour couvrir tous les besoins de la région en pleine guerre. Je crois que ce convoi est un geste politique et humanitaire très important. Le Donbass subit une catastrophe et je salue cette aide qui fait vraiment une différence, permettant de sauver des vies et de stabiliser la situation.
LVdlR. Tous les membres de votre association sont donc bénévoles. Mais quand même quel est votre intérêt ?
S.V. Au fait nous sommes des bénévoles, nous participons parce que nous ne sommes pas indifférents aux problèmes des habitants du Donbass. Nous sommes la même population russe. Cela va de soi qu’on prend à cœur tout ce qui se passe avec des civils du Donbass. J’estime qu’il faut être solidaire aux moments cruciaux, car la catastrophe humanitaire au Sud-Est, d’une façon ou d’une autre, touche aujourd’hui tout le monde dans la société russe.
LVdlR. Pour ce qui est des corridors humanitaires, sont-ils ouverts maintenant ?
S.V. Le gouvernement ukrainien n’a ouvert aucun corridor officiel. Mais comme l’armée ukrainienne ne contrôle plus la frontière avec la Russie, nous sommes capables de faire passer les médicaments et la nourriture via les points de passage. La milice populaire comprend l’importance de notre activité pour les civils.
LVdlR. Est-ce que vous avez des partenaires étrangers ?
S.V. Nous avons des partenaires en Allemagne, mais on voudrait bien trouver des alliés en France. On pense que l’action humanitaire commune est une chance pour la France de sortir de la logique de confrontation avec la Russie et contribuer à la paix au Donbass. Je suis sûr qu’il y a beaucoup de Français qui aimerait donner, qui aimerait participer. Et notre association est capable de servir d'intermédiaire pour distribuer une aide humanitaire.
LVdlR. Les membres de votre association sont-ils tous d’origine russe ?
S.V.Pour la plupart, oui. Mais on peut être Russe mais avoir la nationalité ukrainienne. Donc il y a des Russes, il y a des Ukrainiens qui nous aident sur place. Mais dans le sens ethnique on est tous russes.
LVdlR. Y a-t-il beaucoup d’associations du type de la vôtre qui s’occupent de la collecte de l’aide humanitaire à destination des régions de Donetsk et de Lougansk?
S.V. Heureusement, le nombre d’associations de tel type et leur efficacité augmentent. Ce sont d’habitude les groupes de bénévoles qui se chargent de la collecte en faveur des populations vulnérables. Le Choix Russe a collaboré, par exemple, avec Helpdonbasspeople pour aider les réfugiés qui se sont installés massivement à Rostov. Il existe également des associations orthodoxes qui s’occupent de l’aide humanitaire.
LVdlR. Quels sont vos projets pour l’hiver ? Car si la guerre se poursuit, la population civile du Donbass se trouvera dans une situation absolument catastrophique… Au fait, reste-il beaucoup de civils sur place ?
S.V. On n’est pas sûr quant à la statistique. Mais il y a encore beaucoup d’habitants qui sont restés. Et vous avez raison de penser à l’hiver parce que ce sera déjà trop tard si on y pense en hiver. Et oui, on envisage la collecte des vêtements de l’hiver et d’autres choses vitales, espérant que la guerre va bientôt se terminer.