Le projet Nabucco n'est plus à l'ordre du jour et sa réanimation semble impossible compte tenu des événements en Ukraine, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
C'est ainsi que l'Azerbaïdjan a réagi aux récentes affirmations de la presse occidentale selon lesquelles l'amélioration prévue des relations entre les USA et l'Iran pourrait faire revenir cette question sur le devant de la scène. Le vice-ministre du Pétrole de l'Iran, Ali Majedi, a provoqué une certaine agitation dans ce processus en annonçant que Téhéran était prêt à assurer des fournitures de gaz iranien dans les pays de l'UE.
Selon Ilkham Chaban, directeur du Centre azerbaïdjanais de recherches pétrolières, les conclusions de la presse occidentale à ce sujet ne tiennent pas debout. "Elles sont infondées tout simplement parce que le projet Nabucco n'est plus à l'ordre du jour et sa réanimation avec la participation de l'Iran est complètement irréaliste dans un avenir prévisible", a déclaré l'expert du site 1news.az.
Pour preuve, Bakou a décidé de reformater ce projet en gazoduc transanatolien (TANAP). Le gazoduc Nabucco était prévu pour fournir du gaz en Europe en contournant la Russie via l'Azerbaïdjan, l'Irak et le Turkménistan. Ce projet était estimé à 6-8 milliards de dollars, mais cette somme a pratiquement doublé par la suite. Quant à la capacité du gazoduc, elle était prévue à hauteur de 30-31 milliards de mètres cubes de gaz par an. Les travaux sur le projet ont commencé au début des années 2000 et ont été immédiatement confrontés à de nombreux problèmes. Fin 2013, le projet a été clos faute de rentabilité. Les actionnaires du gisement Shah Deniz ont opté pour le projet de gazoduc transadriatique (TAP) pour acheminer le gaz azerbaïdjanais via la Grèce en Italie, puis en Europe. En parallèle, Bakou a convenu avec Ankara de construire le gazoduc transanatolien.
Tous ces projets ont été pensés par Bakou pour exporter son gaz sur les marchés européens. Si tout se déroule comme prévu, d'ici 2018 les pays d'Europe du Sud recevront du gaz venant de Shah Deniz. Selon Ilkham Chaban, le gaz azerbaïdjanais ne fera pas concurrence au russe sur le marché européen. "Nous ne pouvons satisfaire que 3-4% des besoins de l'UE en gaz. Le Turkménistan pourrait en fournir davantage mais il ne faut pas oublier qu'il est tout de même plus orienté vers le marché asiatique. Tous ces facteurs indiquent qu'il sera très difficile pour l'UE de sortir de la dépendance russe dans les 6-7 prochaines années", conclut-il.