Les dirigeants des pays de l'Union douanière et le président ukrainien Piotr Porochenko, accompagné par un groupe de soutien composé des représentants de la Commission européenne Catherine Ashton, Günther Oettinger et Karel De Gucht, se sont réunis hier à Minsk en Biélorussie, écrit mercredi 27 août le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
La rencontre Poutine-Porochenko devait être le moment clé déterminant l'efficacité et les perspectives du sommet. Le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaev, s'est prononcé pour un dialogue direct entre les chefs d'Etat "qui se considéraient encore récemment comme des frères mais se trouvent aujourd'hui en phase de guerre non déclarée" et leur a suggéré de chercher un compromis. Bien que ce dernier n'ait pas été trouvé, les négociations ont tout de même été entamées au sujet du commerce entre la Russie, l'Union douanière et des autres pays intéressés.
Avant la rencontre, Piotr Porochenko a déclaré que "si nous parvenions aujourd'hui à une entente avec nos homologues pour apporter la paix, ce serait un événement capital, y compris dans nos relations bilatérales".
Cependant, Vladimir Poutine a fait dévier les pourparlers sur un problème touchant aussi bien Moscou que Kiev: les relations commerciales russo-ukrainiennes dans le cadre de deux zones de libre-échange – l'Union européenne et l'Union douanière, ce sur quoi continuent d'insister les partenaires ukrainiens et leurs amis européens.
"La Russie respecte et respectera le choix souverain de tout nation, de tout pays dans l'organisation de sa propre vie politique, dans la conclusion des alliances militaires et économiques", a déclaré Poutine pendant le sommet Union douanière-Ukraine en soulignant: "Nous espérons que cela ne se réalisera pas au détriment d'autres acteurs du commerce international et à nos frais".
"L'accord d'association avec l'UE signé par l'Ukraine est susceptible de faire perdre à la Russie des dizaines de milliards de dollars et Moscou doit donc adopter des mesures de protection", a déclaré le président russe.
Et d'ajouter: "Tout se fera en parfaite conformité avec les termes des accords de la CEI sur la zone de libre-échange et les normes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les préférences pour les importations d'Ukraine seront annulées."
Quant à la situation dans le sud-est de l'Ukraine, Vladimir Poutine a noté: "Nous sommes prêts à échanger nos points de vue sur la grave crise en Ukraine, qu'il est impossible à nos yeux de régler par l'escalade du scénario militaire sans tenir compte des intérêts vitaux des régions sud-est du pays, sans un dialogue pacifique avec leurs représentants" - confirmant ainsi la position de Moscou.
Toutefois, il était inutile d'espérer que ce changement de positions mène au compromis sur lequel comptaient les experts et certains participants. Il serait plus juste de supposer que les parties commenceront par le problème économique et laisseront travailler les groupes d'experts qui étaient également présents à Minsk hier. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko semble également l'avoir compris en proposant de mettre à disposition sa tribune pour les prochains cycles de négociations. Mais Loukachenko a trouvé un concurrent – le président Nazarbaev a également suggéré d'organiser des négociations régulières en conviant tout le monde au Kazakhstan.
Le président ukrainien a apprécié l'idée. Il a déclaré que Kiev était intéressé par la poursuite du dialogue économique au format Ukraine-UE-Troïka eurasiatique.
Les bombardements de Donetsk et de Lougansk n'ont pas cessé pendant les pourparlers et les forces d'autodéfense du sud-est ukrainien n'ont pas déposé les armes. Toutefois, un pas en avant a déjà été fait avec l'amorce des négociations, même si elles sont pour l'instant seulement économiques.