La Syrie et l’Irak ont un ennemi commun, les extrémistes de l’EI, élevés par les États-Unis. Cette nouvelle nébuleuse dans le genre d’Al Qaïda a fait son apparition en 2012 sur le théâtre syrien suite à la fusion des groupes sunnites syriens et irakiens. Les Américains les finançaient généreusement pour destituer le président syrien Bachar el-Assad.
Washington marche sur un vieux râteau, estime Igor Kovalev du Haut collège d’économie :
« Il suffit de se rappeler la situation en Libye, lorsque, après avoir destitué Kadhafi, les insurgés libyens ont ensuite assassiné l’ambassadeur US. Nous sommes en présence d’une répétition en boucle des erreurs de calcul et de l’incapacité à prévoir les agissements des forces initialement financées par Washington. Comment s’étonner dès lors que la situation soit ce qu’elle est maintenant. »
Tout comme dans le cas d’Al-Qaïda, les États-Unis ont une fois de plus élevé les terroristes qu’ils sont actuellement en train de bombarder en Irak. Ce faisant, ils sont passés en véritables maîtres de l’hypocrisie et de l’ambiguïté en soutenant les mêmes terroristes en Syrie. La logique de Washington est bien simple et consiste à faire prendre aux combattants de l’EI le chemin de la Syrie pour qu’ils y combattent l’armée d’Assad.
Les Américains soutiennent en ce moment à fond les Kurdes irakiens et cela va de soi puisque les compagnies pétrolières américaines opèrent dans la province de Kirkouk accaparée par les Kurdes.
Les États-Unis contrôlent ainsi 60% du pétrole irakien et c’est la seule raison de leur implication en Irak. Aussi, ils se fichent d’un Irak uni, estime le politologue Viatcheslav Matouzov :
« Les Américains ne sont pas intéressés à préserver l’Irak comme un État uni et indépendant. Leur politique vise au contraire sa division. C’est clairement démontré par le fait que tant les Américains que les Européens soutiennent non pas le gouvernement central mais les régions kurdes indépendantistes. Cette politique de désintégration de l’Irak menace l’ensemble du Proche-Orient. »
Après avoir retiré leurs troupes de l’Irak exsangue, les Américains se sont mis à appliquer activement les techniques de protestation contrôlée en plaçant des gouvernements pseudo-démocratiques en Tunisie, en Égypte, en Libye et au Yémen. En poursuivant leurs objectifs exclusivement égoïstes, ils ont retaillé la configuration politique de plus d’une quinzaine de pays arabes et précipité la Syrie dans l’abîme d’une guerre civile à grande échelle.
L’enregistrement de l’exécution du journaliste américain James Foley mise en ligne ces jours-ci, est devenue l’apogée de la politique de deux poids deux mesures de Washington au Proche-Orient. Les terroristes ont fait comprendre qu’ils se vengeaient ainsi sur Washington pour son implication dans les événements en Irak. Le journaliste américain a été tué par les mêmes extrémistes qui avaient été engendrés et financés par Washington pour faire régner l’ordre américain au Proche-Orient.
Les Espagnols ont un proverbe qui dit : « Élevez les corbeaux et ils vous crèveront les yeux ». /N