Les personnes qui contribuent à diffuser des émissions télé russe en Ukraine sont déclarées hors la loi. Dès le mois de mars dernier Kiev a interdit la retransmission d’un nombre de chaînes de télévision russes sur le territoire ukrainien. Il y a eu d’autres interdits par la suite. En tout quatorze chaines de télévision sont aujourd’hui frappées d’interdiction. Et lorsque certains Ukrainiens qui voulaient avoir des informations provenant des sources autres que celles contrôlées par Kiev, ont préféré payer l’accès par câble aux chaînes de télévision russes, ils se sont retrouvés hors la loi et encourent une responsabilité pénale. Le ministre ukrainien de l’Intérieur Arsen Avakov a ordonné d’identifier les opérateurs qui continuent à retransmettre des émissions télé russes. Il est par ailleurs prévu de contrôler ce que les gens regardent dans les écoles, hôtels, clubs de vacances… Il est certes plus difficile d’avoir l’accès aux télés des personnes privées mais Kiev a déjà mis en pratique le système de dénonciations. Dans les villes à l’est du pays contrôlées par les forces gouvernementales les autorités ont ainsi installé des urnes où l’on peut mettre une lettre anonyme informant des sympathies d’un tel ou d’un tel envers les séparatistes. Les mêmes urnes pourraient très bien être utilisées contre ceux qui regardent les chaînes de télévision interdites par Kiev.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a essayé de condamner cette censure flagrante en Ukraine. Les protestations des défenseurs européens des droits de l’homme étaient cependant si faibles que Kiev, au lieu d’abandonner les persécutions des chaînes de télévision russes, envisage de restreindre l’accès aux ressources Internet russes et à certains comptes sur les réseaux sociaux. Les commentaires des bloggeurs empêchent aux autorités de laver les cerveaux des Ukrainiens, dit Sergueï Jelezniak du comité parlementaire de la politique d’information et des technologies de communication de la Douma d’Etat.
« Kiev a peur de la vérité quelle que soit la forme de celle-ci ce qui se répercute aussi bien sur les journalistes des médias indépendants qui ne sont pas admis sur le territoire ukrainien, qu’on fait chanter, qu’on kidnappe, qu’on torture, qu’on tue. Cela concerne également les experts et les personnes exprimant les opinions qui ne sont pas approuvées par le régime nationaliste radical actuellement en place en Ukraine. On constate que cela concerne déjà les bloggeurs dont les commentaires seront déclarés non-conformes à l’idéologie officielle par les policiers de quartier ».
L’Ukraine compte utiliser des équipements soviétique de l’époque de la guerre froide pour bloquer des signaux radio et télé. Quant à ceux qui postent sur Internet des images de ce qui se passe au sud-est de l’Ukraine, Kiev emploie déjà la force brute à leur égard. Tout comme à l’égard des journalistes russes sur lesquels la saison de chasse est ouverte en Ukraine.