Le week-end prochain une nouvelle tentative de règlement ukrainien sera probablement entreprise en Europe avec la participation des dirigeants de Russie, d'Allemagne, d'Ukraine, de Biélorussie, du Kazakhstan et de l'UE.
Le 23 août, la chancelière allemande Angela Merkel effectuera un déplacement à Kiev pour évoquer la crise avec le président Piotr Porochenko. Le 26 août, le président de Russie Vladimir Poutine, les dirigeants de Biélorussie et du Kazakhstan et des représentants de l'UE auront une rencontre avec le président Porochenko à Minsk. L'initiative d'inviter Piotr Porochenko à Minsk appartient au président biélorusse Alexandre Loukachenko.
L'Union européenne envoie à Minsk la chef de sa diplomatie Catherine Ashton, ainsi que les commissaires européens au Commerce et à l'Energie Karel De Gucht et Günther Oettinger. Initialement l'invitation a été envoyée au président de l'UE José Manuel Barroso et au président du Conseil européen Herman Van Rompuy.
En leur absence peu de gens attendent une percée au cours des négociations. Le Kremlin n'a pas même confirmé la probabilité d'une rencontre en tête-à-tête entre Vladimir Poutine et Piotr Porochenko, bien qu'il ne l'ait pas niée. Un point positif est dans le fait que jamais auparavant une si " lourde artillerie " n'a été utilisée dans les négociations sur la crise en Ukraine. Vladimir Poutine s'est plusieurs fois entretenu par téléphone avec le président ukrainien, mais ils ne se sont vus qu'une seule fois lors des commémorations de Normandie.
Officiellement la rencontre de Minsk portera sur les relations entre les pays de l'Union douanière et l'Ukraine. Mais il est peu probable que le cessez-le-feu et le règlement soient passés sous silence en Biélorussie. Les experts russes sont peu optimistes à propos du rendez-vous de Minsk. Il y a eu déjà trois rencontres sur le règlement avec la participation de la Russie, des Etats-Unis, de l'Ukraine, de l'Allemagne et de la France, mais elles n'ont pas arrêté le carnage dans le sud-est.
Le problème ne tient pas seulement au fait que chaque partie a sa propre vision des événements. Le problème réside dans le fait que Kiev est un partenaire peu fiable qui n'a jamais exécuté aucun accord. Il y a eu trois accords sur le règlement avec Kiev : le 21 février à Kiev, le 2 juillet à Berlin et le 17 avril à Genève. L'expert du centre ukrainien d'analyse sociale Valeri Pessetski est convaincu qu'aucun règlement n'aura lieu tant que l'opinion publique européenne restera indifférente et sous l'emprise de la propagande antirusse de Kiev et de Washington.
"Le président Poutine a effectué une manœuvre impressionnante en introduisant des contre-mesures à l'égard de l'UE. Cela contraindra les simples Européens à accorder une attention soutenue à ce qui se passe en effet en Ukraine. Je pense que tôt ou tard il y aura en Europe une forte pression d'en bas sur les dirigeants européens en vue d'arrêter la guerre en Ukraine. Le changement de position des dirigeants ukrainiens peut être également lié à la pression d'en bas".
Le politologue russe Nikolaï Starikov estime que dans une crise dont les racines sont si profondes on ne peut pas s'attendre à des résultats rapides. Il espère cependant que la rencontre de Minsk marquera un tournant dans le règlement qui est encore très loin.
"Un processus primordial est en cours : l'opinion européenne commence à apprendre la vérité sur la situation dans le sud-est de l'Ukraine. Sous peu, les diplomates européens seront dans l'impossibilité de nier les faits que l'opinion russe connaît depuis plusieurs mois. Cela signifie que l'opinion publique européenne se joindra à l'opinion publique russe pour qu'un terme soit mis au conflit armé ".
Le directeur adjoint de l'Institut des pays de la CEI Vladimir Jarikhine rappelle qu'outre les ultimatums au Donbass et à Lougansk Kiev n'a rien proposé de constructif. Selon l'expert, pour les gens qui n'ont pas accepté le pouvoir de Kiev, se livrer à la merci des unités de la garde nationale et des armées privées des oligarques équivaut à un suicide.
"Il faut que la rencontre ait un résultat politique. Mais ce résultat n'est possible que si les deux parties sont prêtes à des compromis et à des négociations avec la partie adverse. Si elles sont prêtes à s'entendre. Pour l'heure, je ne suis pas sûr que Kiev est prêt à faire des compromis".
Beaucoup dépendra des négociations à Kiev entre la chancelière d'Allemagne Angela Merkel et le président d'Ukraine Piotr Porochenko. La chancelière a planifié sa visite avec beaucoup de prudence. Elle se rendra à Kiev le samedi 23 août, un jour avant la célébration de la Journée de l'indépendance de l'Ukraine le 24 juillet. Mme Merkel n'a pas souhaité apparemment assister aux cérémonies du nouveau pouvoir à Kiev pour ne pas irriter le sud-est et Moscou. De nombreuses rumeurs circulent actuellement à propos de la position d'Angela Merkel. On parle même de la reconnaissance par l'Allemagne de la Crimée en échange de l'arrêt du soutien par Moscou des miliciens et de la levée des sanctions. Mais ce ne sont que des rumeurs.
Après Minsk, Piotr Porochenko poursuivra les discussions sur le règlement de la crise ukrainienne: à Bruxelles il aura des négociations avec les dirigeants de l'UE et une semaine plus tard, les 4 et 5 septembre, il participera au sommet Ukraine-OTAN au pays de Galles. A en juger d'après les informations en provenance de France, une nouvelle rencontre entre Vladimir Poutine et Piotr Porochenko n'est pas exclue. Les journaux parisiens écrivent que le président français François Hollande se propose d'inviter les dirigeants de la Russie, de l'Ukraine et de l'Allemagne dans la première moitié de septembre.