Les autorités du Missouri ont prolongé le couvre-feu et l'état d'urgence dans la ville de Ferguson, où les émeutes ne s'apaisent pas depuis plus d'une semaine après qu'un adolescent noir a été abattu par des policiers, écrit mercredi le quotidien Kommersant.
Après l'entrée dans la ville de la Garde nationale, les manifestants ont ouvert le feu sur les forces de l'ordre et ont tenté d'abatte un hélicoptère de la police. Le président américain Barack Obama a appelé les habitants de Ferguson au calme et a soutenu les manifestations pacifiques contre la discrimination raciale qui se déroulent dans d'autres villes américaines.
Les émeutes dans la banlieue de Saint-Louis (Missouri), habitée par une majorité afro-américaine, ont été provoquées par la mort de Michael Brown, 18 ans, le 10 août. Elles ont repris avec une nouvelle force après la demande du gouverneur Jay Nixon faite lundi aux autorités fédérales d'y envoyer des unités de la Garde nationale. En guise de protestation, les habitants ont organisé une grande manifestation devant la résidence du gouverneur, qui a dégénéré en affrontements avec la police. Plus de 30 individus ont été interpelés.
Des tirs ont retenti mardi à Ferguson: des manifestants ont ouvert le feu sur des policiers qui, à leur tour, ont utilisé des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes. Plusieurs personnes ont été blessées, dont des journalistes. Plusieurs d'entre eux ont d'ailleurs été arrêtés.
Les autorités locales ont affirmé que l'usage de la force n'avait pas été excessif de leur côté et visait uniquement les bandits armés menaçant l'ordre public. "Les officiers de police n'ont tiré aucun coup de feu, bien qu'ils aient fait l'objet de tirs nourris", a déclaré le capitaine Ronald Johnson de la patrouille routière américaine. Il a annoncé que les policiers avaient confisqué plusieurs pistolets aux manifestants.
Au regard des événements, le gouverneur Nixon a pris la décision de prolonger le couvre-feu "jusqu'à la cessation totale des émeutes". Et la direction fédérale de l'aviation américaine a interdit jusqu'au 25 août le survol de Ferguson à une altitude inférieure à 900 mètres car la veille, ses habitants avaient ouvert le feu sur un hélicoptère de la police.
Le président Barack Obama a appelé les habitants au calme. Il a affirmé que l'ordre d'envoyer des troupes n'avait pas été initié par la Maison blanche – il a été donné seulement après la demande du gouverneur du Missouri. Le président américain a assuré soutenir les manifestations pacifiques de solidarité avec les habitants de Ferguson qui se déroulent dans d'autres villes.
Pour sa part, le gouverneur Nixon a ajouté qu'il ne portait pas atteinte à la liberté d'expression et de réunion des compatriotes. Selon lui, les forces de la Garde nationale seront employées en "régime limité" dans la ville – uniquement pour protéger les policiers. Il a justifié sa demande d'envoyer des troupes par le "sursaut extraordinaire d'activité des éléments criminels".
Selon le sondage du Pew Research Center, les événements à Ferguson ont divisé la société américaine. 80% des Afro-américains estiment qu'ils doivent faire l'objet d'un "sérieux débat public", autant ne font pas confiance à l'enquête sur la mort de Michael Brown menée par la police. Seulement 30% des Américains de race blanche sont de cet avis et ils sont nombreux à justifier les actes du policier Darren Wilson, qui a abattu l'adolescent.